Il est une certitude que la révision de la Constitution était dans l'agenda de tous les partis politiques et que sa trituration en 2008, notamment la non-limitation des mandats à la magistrature suprême, a déconcerté même les plus zélés au maintien du régime. Le texte a été fait sur mesure pour une personne qui a pu s'imposer comme chef absolu au sein des centres de décision, leur enlevant la substance qui alimentait leur puissance. Depuis, des régimes qu'on pensait être des forteresses imprenables sont tombés, des générations d'Internet et de réseaux sociaux savent ce qui se passe au-delà des frontières, la classe politique a gagné en maturité, préférant se situer dans une opposition responsable plutôt que d'accompagner un régime qui peine à se régénérer, d'autant que les repères ne sont plus et qui, par conséquent, ne sont plus partagés. Pour toutes ces raisons, il était attendu que cette énième révision, cette fois-ci voulue et attendue, fasse l'objet d'une large concertation, d'abord sur le mode opératoire, ensuite sur les propositions de grands changements à y apporter. Avec la participation de toute la classe politique qui croit en une construction démocratique. Malheureusement, la précipitation qui a pris le pas sur la concertation risque donc de fausser une opération capitale, car c'est du devenir de la nation qu'il s'agit. Des voix hostiles à la méthode se font déjà entendre et les initiateurs font des pieds et des mains pour les amener à la table des consultations sur une mouture rédigée par une seule partie, quand bien même il s'agit de la présidence. Cette dernière s'est fait piéger elle-même en voulant, comme d'habitude, amener les autres parties, qui ne partagent pas son orientation et sa feuille de route, à jouer sur son terrain et selon ses propres règles du jeu. Ce sera difficile car le pouvoir veut avoir un quitus de cette opposition pour une meilleure visibilité à l'international qui détermine, en fin de compte, le degré de crédibilité d'un Etat. O. A [email protected] Nom Adresse email