Il est vrai qu'un Premier ministre a cette latitude, surtout depuis le quatrième mandat, de répondre à toutes les questions. C'est ce qu'il a fait en répondant aux députés mais sur la question de tamazight comme langue officielle, il est allé trop vite en besogne. Chargé de présenter et de défendre son programme d'action, il s'est impliqué dans un débat qui est du ressort du chef de cabinet, désigné pour recueillir les propositions pour la révision de la Constitution et dont une des revendications de la plupart des acteurs politiques, y compris le parti majoritaire, le FLN. Cette assurance à décider que cette langue rencontre des problèmes techniques pour sa valorisation et sa prise en charge a jeté un froid. Ce qui est demandé à l'Etat, c'est de montrer sa volonté politique à redonner sa place à tamazight, un des ciments de l'unité nationale. Par cette sortie, la mission d'Ahmed Ouyahia sera plus difficile et les invités à la table des discussions seront plus sceptiques sur la volonté de l'Etat à rédiger une Constitution consensuelle. Des doutes planeront sur la sincérité du pouvoir dans son écoute des autres. À moins que la mouture de ce futur texte fondamental ne soit déjà prête, cette dichotomie et cette absence de coordination à la tête de l'Etat sont un signe de précipitation. La Coordination pour les libertés et la transition, quant à elle, vient d'agrandir son cercle avec la participation annoncée du FFS et des membres de la société civile comme l'avocat Mokrane Aït Larbi, comme elle a eu, enfin, le OK pour tenir sa conférence. Le pouvoir tiendra-t-il compte de ce qui en sortira ou fera-t-il la sourde oreille ? Pour arriver à un consensus, il faut prendre en compte les avis de tous ceux qui ont le pays au cœur et accepter le débat contradictoire, de part et d'autre. Le Premier ministre annonce un taux de croissance de 7% et un taux de chômage stabilisé à 8%. Pour y arriver, il faut se retrousser les manches mais, avant tout, se mettre d'accord sur un texte consensuel. C'est un mot que nous arriverons difficilement à conjuguer ensemble. O A [email protected] Nom Adresse email