Des villes du nord irakien sont tombées, l'une après l'autre, depuis quelques jours dans l'escarcelle d'un des groupes djihadistes les plus radicaux au Moyen-Orient, l'EIIL. Après Mossoul, deuxième ville du pays, et Tikrit, berceau du Baas saddamiste, les terroristes ont tenté de prendre la première raffinerie de pétrole du pays à Baidji. Ils ont annoncé qu'ils avaient Bagdad dans la ligne de mire, ses bases militaires, notamment celle de Taji. Si cette dernière est occupée, c'est la moitié de Bagdad qui tombe, ont expliqué des spécialistes. L'EIIL a pour ainsi dire récupéré tous les territoires sunnites où, par ailleurs, elle a bénéficié d'adhésions, voire d'appui de populations et d'anciens cadres du régime de Saddam Hussein, en révolte contre le pouvoir exclusiviste des chiites. L'armée irakienne, défaite par l'offensive djihadiste et retranchée dans la capitale pour l'instant, est incapable de reprendre du terrain. Le Premier ministre Nouri al-Maliki a dû lancer un appel aux volontaires, faire appel à d'éminents prédicateurs chiites, et a demandé l'assistance des Etats-Unis. Il espérait que Barack Obama allait réagir au quart de tour, bombarder les positions de l'EIIL. Le président américain, qui a dit tout le mal qu'il pensait d'al-Maliki pour sa marginalisation des sunnites qui se sont jetés dans les bras de l'islamisme terroriste, a annoncé qu'il n'enverrait que 300 conseillers sur le sol irakien et examiner la probabilité de lâcher ses drones. Tandis que le Premier ministre irakien cherche une alternative à la défection de Washington, les opinions mondiales s'interrogent sur la vitesse de progression des terroristes ainsi qu'à leurs capacités militaires face à une armée irakienne entraînée et équipée par le Pentagone. Comme elles s'interrogent aussi sur les motifs stratégiques de cette expansion, que tous les experts savent circonscrite dans le temps. Jusque-là en activité en Syrie, où il avait rejoint la rébellion armée contre le régime de Bachar al-Assad avant de s'ériger en entité indépendante combattant aussi bien les forces régulières que les autres factions armées de l'opposition, aussi bien républicaine qu'islamiste, ainsi que les milices kurdes, l'EIIL avait progressivement commencé à étendre son influence au-delà des frontières syriennes l'an dernier, alors que ses combattants subissaient des revers en Syrie. Sa montée en Irak a abasourdi aussi bien les habitants de la province sunnite que les chiites du Centre, du Sud et de l'Ouest, les médias et experts internationaux. Quant bien même le groupe terroriste contrôlerait depuis plusieurs années une partie de la province d'al-Anbar, où il avait conclu une alliance en 2006 avec une trentaine de tribus locales qui représentent 70% de la population de la région. Ce n'est pas confirmé, il se dit aussi que l'EIIL est également infiltré au sein de l'administration irakienne ! En revanche, le régime de Nouri al-Maliki ainsi que ses conseillers américains ont sous-estimé sa capacité à lancer une insurrection et à s'imposer sur le plan militaire. Une piste pour comprendre la montée de l'EIIL : son insurrection a commencé dans la ville de Fallouja, dans la province d'al-Anbar. D'abord déclenchée par les tribus locales, elle fut appuyée militairement par l'EIIL qui prit le contrôle total de la ville en janvier 2014. Progressivement, le groupe gagne alors du terrain et commence à jouir d'une influence majeure dans cette zone frontalière de la Syrie. On commença alors à parler d'Abou Bakr Al-Baghdadi, son mystérieux chef, se demandant s'il n'était pas le nouveau Ben Laden. Barack Obama ne le dit pas explicitement, mais la déferlante djihadiste a été facilitée par le délitement du pouvoir irakien avec un Premier ministre imbu de ses intérêts, au point où son armée n'a pas réagi alors qu'elle possède des avions F16 et d'autres équipements lourds, le tout flambant neuf. D. B Nom Adresse email