Résumé : Achour était revenu offrir des cadeaux à Nora et l'entretenir sur leur prochain mariage. La jeune fille était tellement offusquée qu'elle aurait volontiers quitté le salon. Le vieil homme parlait sans arrêt, et enfin lui demanda son passeport pour réserver des billets d'avion. Pour éviter tout quiproquo, elle s'était mise au lit, prétextant une forte migraine. Elle avait refusé de dîner et de parler à qui que ce soit. Yazid traversera encore ses pensées. En fait, elle se rappelle que c'était lui la cause de tous ces malheurs. Autant il l'avait aimée, autant il l'avait humiliée. Par sa faute, elle va devoir épouser ce Achour de malheur, qui fera d'elle une sorte de rempart à ses vieux jours. Oui c'est ça... Elle était la proie toute désignée pour combler le vide affectif qu'il ressentait à la fin de sa vie. Le mariage est vite célébré. Achour craignait de la perdre, et ses parents craignaient de la voir se rétracter à la dernière minute. Des deux côtés on s'empressera de préparer hâtivement une cérémonie qui regroupera juste quelques membres de la famille. Nora affichait un visage fermé et grave. Elle avait passé la nuit à pleurer. Ses paupières enflées et ses yeux rougis en étaient témoins. Elle avait hâtivement mis quelques affaires personnelles dans une valise, ainsi que son album de photos, avant de s'habiller d'une simple robe en lin et d'une paire de chaussures à talons plats. Elle n'avait voulu ni se maquiller ni se coiffer. Elle ne voulait pas se mettre en valeur. La cause n'en valait pas la peine. Pis encore, elle avait l'impression de faire le deuil de sa jeunesse et même de sa vie entière. Achour riait au salon avec son père et quelques hommes. Les femmes s'étaient regroupées dans une autre pièce et papotaient. Sa mère avait préparé un couscous, et ce plat embaumait toute la maison. Louisa la regarde avant de lui chuchoter : -A voir la tête que tu fais aujourd'hui, on dirait qu'on va assister à un enterrement. Elle ne lui répondit pas et se met à compter distraitement le nombre de bijoux que cette dernière portait. Il y avait quatre chaînes, une dizaine de bracelets, plusieurs bagues à chaque doigts, de longues boucles d'oreilles... On dirait que cette femme avait dévalisé une bijouterie. Louisa avait remarqué le regard de Nora : -Tu regardes mes bijoux... ? Ils sont en or... Je ne porte jamais du toc... J'ai encore un plein coffret chez moi... Elle jette un regard alentour avant de s'approcher davantage d'elle et de lui chuchoter à l'oreille : -Achour a beaucoup d'argent... Il est immensément riche, et pourra te combler dans ce domaine. Profites-en donc pour t'acheter des bijoux et des choses de valeur... Ne laisse rien au hasard, ton mari peut facilement satisfaire tes caprices... Elle lève les yeux au ciel : -Grâce à Dieu... Tu t'es débarrassée de ce vaurien de Yazid... Cet ivrogne de malheur qui aurait sucé tes économies jusqu'au dernier sou... A l'évocation de Yazid, Nora sentit la moutarde lui monter au nez. Elle regarde Louisa dans les yeux et lui dit d'une voix ferme : -Je ne te permets pas de parler de Yazid de cette manière. Il est ce qu'il est. N'empêche qu'il m'a aimée et respectée, et n'a jamais pensé à toucher à mes économies. Cet homme n'est pas du tout ce que tu crois. -Ah oui... ? Tu le défends encore après tout ce qu'il t'a fait. -Il n'a rien fait... C'est moi qui avais demandé le divorce, rappelle-toi. -Et pour quelle raison, petite inconsciente ? -Pour des raisons strictement personnelles. Je ne permets à personne de s'immiscer dans ma vie privée, Louisa... -Très bien... On peut dire que j'en ai eu pour mon grade aujourd'hui... Moi Louisa, la femme à ton oncle maternel, qui t'a permis de te remarier aussi rapidement et de tomber sur un parti aussi intéressant que Achour, que reçois-je en retour... ? Des calomnies... -Je ne t'ai rien demandé que je sache... Ce mariage a été combiné entre toi et ma chère maman. Quant au mari dont tu parles, s'il était aussi intéressant que ça, pourquoi ne l'as-tu pas proposé à Fatima ta fille... ? N'est-elle pas bien plus âgée que moi, et sans aucune instruction ni activité.. ? Louise se frappe la poitrine et prend les femmes présentes à témoin : -Vous entendez... Vous entendez ce que raconte cette chipie... ? Elle est en train de médire de moi et de ma fille Fatima... Elle, une divorcée... Une moins que rien que son mari a jetée comme un linge sale, et que j'ai eu le bon sens de ramasser et de laver... .. Elle arrache son foulard et le jette par terre : -Je ne vais jamais me taire là-dessus, sauf si on m'enterre vivante aujourd'hui... Je vais te montrer de quel bois je me chauffe espèce de dévergondée... (À suivre) Y. H. Nom Adresse email