Le secrétaire d'Etat américain Colin Powell a appelé depuis Varsovie les pays de la coalition à ne pas faiblir dans leur engagement en Irak, malgré la violence et les prises d'otages. “Nous devons rester aux côtés du peuple irakien pour l'aider à bâtir une vie meilleure”, a déclaré le chef de la diplomatie américaine présent dans ce pays, l'un des principaux alliés des Etats-Unis en Irak, pour le 60e anniversaire de l'insurrection de la capitale polonaise. “Le peuple irakien regarde en direction de la communauté internationale pour qu'elle lui apporte son soutien maintenant”, a-t-il ajouté à l'issue d'entretiens avec le ministre des Affaires étrangères Wlodzimierz Cimoszewicz. M. Powell a souligné que la Pologne “restait engagée dans sa mission en Irak”, dont il a reconnu qu'elle était “coûteuse” pour Varsovie. Son homologue polonais a confirmé que Varsovie souhaiterait diminuer sa présence l'an prochain dès lors que des forces irakiennes seraient capables de prendre le relais. Il a toutefois insisté sur le fait que son pays “comprenait sa coresponsabilité pour le succès de la mission” de la coalition internationale. M. Powell a pour sa part déclaré qu'après les élections prévues en Irak pour janvier, si la violence diminuait et si les forces irakiennes étaient prêtes, “nous examinerons les besoins en forces et consulterons nos partenaires” pour voir “quelles sont leurs capacités en termes de présence en Irak”. La Pologne, alliée de Washington dès le début de l'invasion de l'Irak, gère l'une des quatre zones militaires instaurées par la coalition et commande une division de quelque 6 500 hommes dont font partie 2 500 soldats polonais. Près de trois Polonais sur quatre (74%) sont toutefois opposés à la présence de leurs soldats en Irak, contre 22% qui la soutiennent, selon le dernier sondage de l'institut CBOS. Cinq pays se sont d'ores et déjà retirés de la coalition internationale (Espagne, Nicaragua, Honduras, République dominicaine, Philippines) dont fait encore partie une trentaine de pays. M. Powell avait déjà, lors d'une visite à Budapest mardi dernier, lancé un appel aux pays de la coalition pour qu'ils restent engagés en Irak. Dans un entretien réalisé par la télévision publique polonaise, le secrétaire américain a déclaré que son pays œuvrait pour que la Pologne bénéficie de contrats de reconstruction en Irak. “Nous travaillons dur pour assurer que la Pologne puisse avoir des parts dans les contrats disponibles”, a-t-il dit, en les chiffrant à 170 millions de dollars. Mais malgré les excellentes relations de Washington et Varsovie, M. Powell a eu droit de la part de son homologue polonais à un rappel glacial des “erreurs” des Alliés, jugés partiellement responsables de tragédies comme l'écrasement des insurgés de la capitale polonaise, laissés quasiment seuls face aux soldats de Hitler. R. I./Agences