Les résultats définitifs de la commission nationale d'enquête font état de défaillances aussi bien technique qu'humaine qui ont conduit au drame. L'information est tombée tel un couperet à l'attention des familles des victimes et notamment celles des membres de l'équipage. Dans le rapport final de la commission nationale d'enquête mise sur pied au lendemain du crash intervenu le 6 mars 2003, il est dit clairement que la responsabilité de ce drame incombe, entre autres, au commandant de bord et à son copilote. “La commission considère que les éléments suivants ont probablement contribué à l'accident”, lit-on dans le rapport transmis au ministre des Transports et dont le résumé a été remis, hier, à la presse lors d'une rencontre organisée à l'hôtel Sofitel. Qu'en est-il réellement ? Le document en question parle de la préparation sommaire du vol qui n'a pas permis à l'équipage de se préparer à faire face à une situation anormale survenue à un moment critique du vol. Il est question aussi de la simultanéité de l'événement qui laissait peu de temps à l'équipage pour maîtriser la situation. Il aborde également le maintien d'un taux de décollage inadapté, compte tenu de la défaillance d'un moteur et l'absence de travail en équipage après une panne, ce qui s'est traduit par la non-détection et la non-correction des paramètres de conduite du vol (vitesse, taux de montée, configuration, etc.), une masse au décollage proche de la masse maximale avec une altitude aérodrome et une température élevée, l'environnement rocheux et l'aérodrome, impropre à un atterrissage d'urgence. Les membres de la commission d'enquête ont qualifié ces éléments de facteurs aggravants. Ce qui, selon eux, constitue “des circonstances atténuantes”. Les familles des victimes n'ont pas caché leur colère face à cette version des faits et axé leurs interrogations sur la panne technique qui, à leurs yeux, ne peut être la seule cause de ce drame qui a fait 102 victimes dont 6 Français. Les membres de la commission ont tenté d'expliquer à l'assistance que la commission n'a fait que livrer les résultats d'un travail minutieux d'une équipe d'experts, composée de représentants de plusieurs pays, qui a travaillé d'arrache-pied pendant de nombreux mois. Les membres de l'équipage ont mal géré la panne, de l'avis d'un membre de la commission qui a affirmé que la procédure dans de telles crises n'a pas été appliquée du fait que le commandant de bord et son copilote n'ont pas identifié la panne. “Personne n'est en mesure aujourd'hui de dire pour quelles raisons le commandant de bord a décidé de reprendre les commandes. Mais ce qui peut être avancé avec certitude c'est que ce dernier n'a certainement pas eu le temps de réaliser la panne et de réagir en conséquence”, a-t-il déclaré. Par ailleurs, les membres de la commission ont affirmé que l'appareil était en parfait état de vol et ne présentait aucune anomalie et que la panne d'un moteur à elle seule ne peut être en aucun cas la cause réelle d'un crash. Ceci dit, les résultats de la commission parlent d'une combinaison de facteurs : “Le copilote était aux commandes. Immédiatement après la demande de rentrée de train, le moteur gauche a subi une avarie grave provenant de la rupture d'une pièce qui a provoqué la destruction immédiate de la turbine haute pression. Cette avarie a aussitôt entraîné une brutale perte de poussée et une embardée de l'avion à gauche. La rentrée du train d'atterrissage n'a pas été effectuée, ce qui a augmenté significativement la traînée de l'avion. Il n'y a pas eu de communication entre le commandant de bord et le copilote relative à l'identification de la nature de l'avarie. Le commandant de bord a annoncé qu'il prenait les commandes environ huit secondes après la panne. Entre-temps, le départ en lacets de l'avion avait été contrôlé. Quatre secondes après, le copilote a appelé la tour de contrôle pour signaler qu'ils avaient un problème. Le taux de la montée a été maintenu, ce qui a amené la diminution progressive de la vitesse de l'avion. Il n'y a pas d'annonce relative au suivi de la vitesse. Alors que la hauteur maximale atteinte par l'avion était d'environ cent vingts mètres, le vibreur de manche et l'alarme sonore (don't sink) se sont déclenchés. L'avion a décroché et a heurté le sol. Un violent incendie s'est déclaré immédiatement. L'avion a glissé en perdant divers éléments, a heurté et défoncé la barrière de l'aérodrome puis a franchi une route avant de s'immobiliser en feu. La tour de contrôle a déclenché l'alarme. Les pompiers de l'aérodrome se sont immédiatement dirigés vers le lieu de l'accident. Tous les occupants de l'avion étaient morts sur le coup sauf une personne qui a été éjectée”. N. S.