Incompréhen-sibles paraissent les retards qui continuent de s'accumuler dans la sphère économique, principalement dans le secteur financier et bancaire où un pas en avant est immédiatement suivi de deux pas en arrière. Une loi de finances, par définition, n'est jamais neutre en ce sens qu'elle n'est pas un simple alignement de données budgétaires prévisionnelles. Echappant au strict débat technique, son examen avant adoption par les députés, par les débats auxquels il donne lieu, est un des rares moments de fébrilité politique dans l'enceinte parlementaire. Comme quoi la répartition et l'usage des deniers publics renseignent mieux que toutes les déclarations de bonnes intentions et les professions de foi sur les vraies orientations d'une politique gouvernementale. Pour 2005, et à en juger par le rapport de présentation de M. Benachenhou, la loi de finances portera encore l'empreinte, pesante, de choix politiques du passé, faits sous le sceau de l'urgence sociale, imposés par les groupes de pression ou résultant de visions à courte vue. Le ministre des Finances, en sa qualité de Grand argentier, est certes dans son rôle quand il s'inscrit en faux contre tant de libéralités inconsidérément prises vis-à-vis de l'orthodoxie financière et monétaire. L'Algérie en subira les conséquences pendant quelque temps encore, tout le monde l'admet. Par contre, incompréhensibles paraissent les retards qui continuent de s'accumuler dans la sphère économique, principalement dans le secteur financier et bancaire où un pas en avant est immédiatement suivi de deux pas en arrière, à l'image de cette discrimination, loin d'être positive, introduite récemment dans les banques selon leur secteur d'appartenance, public ou privé. Le fait que le projet de loi de Finances pour 2005 n'ait pas apporté de correctif à ce non-sens économique confirme le manque de cohésion du gouvernement actuel qui laisse dubitatif quant à ses capacités à inscrire sans tergiversation son action dans l'objectif des réformes. Et pas n'importe lesquelles ! Il s'agit, en l'occurrence, de celles, très difficiles, qui délimitent avec précision le champ du financement public, font émerger le financement par le marché et rendent l'Etat à sa vocation. Mais là, c'est une autre paire de manches, car les intérêts, puissamment nichés dans les rouages de l'Etat vont tout faire pour plomber l'action de ce dernier. Il faudra une volonté politique de fer pour les en déloger. A. H.