Résumé : Athmane insiste pour accompagner Wassila chez le kiné. Elle est un peu gênée, mais étant donné les circonstances, elle accepte. Une fois sa première séance terminée, elle se rend compte des difficultés qu'elle aurait eues pour rentrer chez elle si Athmane ne l'avait pas attendue. Comme s'il lisait dans ses pensées, ce dernier lance : -Ne t'en fais pas Wassila... Je serais à ton entière disposition pour les autres séances... Si tu le veux bien sûr. Elle hoche la tête : -Apparemment, je n'ai pas le choix. Non seulement, il y a ce problème de transport qui se pose, mais aussi ces séances qui, a priori, sont épuisantes. -C'est une question d'adaptation... Tu vas t'y faire... Il le faudra d'ailleurs... Il sourit et poursuit : -Il te faudra aussi supporter ma compagnie. Elle sourit à son tour, en s'essuyant le visage avec une serviette : -Tu devras supporter la mienne aussi. -Avec plaisir. Ils arrivèrent au quartier. La jeune femme descendit du véhicule en s'aidant de sa canne. -Attends, laisse-moi t'aider, propose Athmane en lui offrant son bras. Elle secoue la tête : -C'est bon... Je crois que je ne vais pas crever en montant les escaliers... Tu seras gentil de porter mon sac, Athmane. Il s'exécute et la suit sans commentaires. Une fois arrivé au palier du troisième étage, il la précède pour sonner à la porte. Taos leur ouvrit, et il lui tendit le sac de Wassila : -Voilà El-Hadja, je te ramène ta fille saine et sauve. Ne comprenant pas ce qui s'était passé, Taos regarde tour à tour sa fille, puis Athmane. Wassila, essoufflée, lève la main : -Je te raconterais plus tard ce qui s'est passé maman... Elle s'engouffre dans l'appartement pour se diriger tout bonnement vers sa chambre. Athmane qui se tenait toujours au seuil de la porte d'entrée lance d'une petite voix : -Elle est crevée... La première séance est toujours pénible, mais le reste suivra sans encombre... Je l'ai déposée moi-même au cabinet, et je l'ai récupérée à la fin de sa séance... Voilà tout. Taos met la main sur son épaule : -Merci Athmane... Que Dieu exauce tes vœux les plus chers et t'accorde une longue vie et une bonne santé. Tu te donnes tant de mal pour nous, que parfois, je me sens gênée par tant de générosité. -Ce n'est rien voyons... Nous sommes là pour nous entraider... -Et ton boulot mon fils ? Tu as abandonné ton travail pour accompagner ma fille et... Il l'interrompt : -Non... Pas vraiment... Je travaille à mon compte, et j'ai deux agents qui peuvent amplement me remplacer auprès de ma clientèle. De ce côté-là, pas de souci. -Grâce à Dieu... Il jette un coup d'œil à sa montre : -Il est temps pour moi aussi de rejoindre le bercail. -Tout à fait. Les enfants et Khadidja doivent se languir de ton absence. Il hausse les épaules avec désinvolture : -Ils sont habitués à des absences bien plus longues. Les jours qui suivirent démontrèrent à Wassila que Athmane avait un faible pour elle. Elle en sera tout d'abord offusquée, puis se rendit compte qu'elle-même s'était habituée à sa présence et attendait ses rendez-vous avec impatience. L'homme était galant, gentil, sympa et aimait la gâter à sa manière en lui offrant des fleurs, des livres, des parfums. En somme, le langage était clair, Athmane était amoureux et se conduisait comme tel. Sinon comment expliquer ses empressements à lui être agréable et à se mettre à sa disposition. Un jour, ils s'étaient confiés l'un à l'autre sans tabou et sans hésitation. Elle lui avait parlé de sa vie de recluse. Elle était une femme qui n'attendait plus rien de l'existence. Son célibat endurci l'avait rendue taciturne, au point où elle refusait toutes les propositions de sortie ou de rencontre. Au salon, on la traitait de "petite folle" qui ratait des rendez-vous prometteurs. Mais elle n'en avait cure. Jusqu'à ce jour, elle n'avait pu tomber sur le prétendant idéal. À son âge, elle ne devrait pas trop se bercer d'illusions bien sûr, mais elle aimerait quand même avoir un petit chez-elle et un compagnon qui l'aidera à oublier un passé pas trop gai, et mettre fin à sa solitude. Dans le cas échéant, elle préfère le célibat et espère un jour s'installer à son compte et ouvrir son propre salon. Athmane, de son côté, lui parle de son mariage raté. Un choix de ses parents... Un arrangement qui ne l'arrangeait pas. Il avait dû passer sous le joug de son paternel, qui avait menacé de le déshériter s'il n'épousait pas la fille de son ami. Khadidja n'était pas la femme dont il rêvait. C'était le genre de femmes qui s'accrochent au premier venu, pourvu qu'elles se marient. Lorsqu'il l'avait rencontrée chez ses parents, lors de la demande en mariage, il avait tenté de lui expliquer qu'ils n'avaient aucune compatibilité... Ils étaient trop différents pour réussir une vie conjugale et fonder une famille solide. (À suivre) Y. H.