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Ma vie, mon destin
35e partie
Publié dans Liberté le 16 - 12 - 2014

Résumé : La voyante met Khadidja au courant des risques qu'elle encourait. Son mari aime les femmes élégantes. Elle n'était pas de ce bord et se négligeait... Athmane finira par se détourner d'elle, si elle ne reprend pas le dessus. Ensuite elle passe à Taos à qui elle annonce le mariage imminent de Wassila.
La vieille femme n'en croyait pas ses oreilles :
-Allons ma sœur, reprend la voyante, réjouissez-vous, ce n'est pas tous les jours que j'annonce de telles nouvelles.
-Heu... Excuse-moi ma sœur, mais je suis un peu surprise par tes révélations... On m'a fait miroiter tellement de choses auparavant que je ne sais plus qui croire.
-Tu as raison... Je comprends amplement tes réticences à prendre au mot mes prédictions... Attends quelques jours, et tu verras que je ne raconte pas des balivernes...Taos reprend son souffle avant de mettre sa main sur celle de la voyante :
-Je ne remets pas tes dires en cause... Je te promets même de revenir te rendre compte de ce qui se passera dans les prochains jours... Ma Wassila a aussi droit à un peu de bonheur dans ce monde...
-Tout à fait, vénérable dame... Je vais cependant te remettre une petite amulette que tu accrocheras discrètement à ta porte d'entrée afin d'éloigner le mauvais œil de ta maison.
-Je suivrais tes instructions à la lettre. Si tout marche bien, comme tu viens de l'annoncer, tu auras droit à une bonne récompense de ma part.
La voyante lève les yeux au ciel :
-Seule la récompense du divin est la bonne... Je ne vais pas te demander de payer ta consultation aujourd'hui, tu le feras une fois tes objectifs atteints.
Taos prend son porte-monnaie et en tire quelques billets qu'elle glisse dans les plis du foulard de la voyante :
-Chaque effort mérite salaire... Toi tu gagnes ton pain, et moi je suis venue solliciter une aide...
Que Dieu nous ouvre les portes de Sa rahma et nous comble de Ses bienfaits.
Non mécontente d'encaisser sa waada, la voyante prend les billets et les met sous la peau de mouton sur laquelle elle était assise.
-Tu reviendras bientôt, j'en suis
certaine...
Puis elle se tourne vers Khadidja et brandit son index :
-Par contre toi, si tu ne suis pas mes instructions, ce n'est plus la peine de penser à revenir...
Athmane finira par s'éloigner de toi, et je serai incapable de faire quoi que ce soit pour le récupérer.
La journée tirait à sa fin, lorsque les deux femmes rentrèrent chacune chez elle. Taos se laisse tomber sur un canapé et se déchausse... Ses pieds enflés la faisaient souffrir, elle reprend son souffle tout en s'éventant, avant de s'allonger de tout son long pour récupérer ses forces. Elle repense aux dires de la voyante et met la main dans son corset pour en retirer l'amulette qu'elle lui avait remise.
Comment fera-t-elle donc pour l'accrocher à la porte d'entrée sans attirer l'attention ? Wassila n'aimait pas les voyantes, qu'elle traitait de femmes sans scrupules. Si elle venait à apprendre que sa mère avait rendu visite à l'une d'elles, elle en ferait toute une scène...
La vieille femme se pince le menton et se met à réfléchir... Va-t-elle la glisser sous le calendrier accroché à cette porte... ? L'idée était bonne, mais si jamais un courant d'air soulevait le calendrier, quelqu'un pourrait la remarquer... Elle reprend ses méditations et se dit que si elle glissait l'amulette entre les pans en bois au-dessus de la porte, cela risquerait aussi d'attirer l'attention... Finalement, elle opte pour la solution qu'elle juge plus rationnelle : elle mettra l'amulette dans le pot en terre cuite, qui se trouvait à l'angle du couloir, et à deux mètres à peine de la porte d'entrée... Personne n'aura l'idée de chercher ce qui se trouve à l'intérieur de ce pot déposé là depuis des années...
Trouvant son idée extraordinaire, elle se lève et s'empresse d'aller l'exécuter. Puis, contente d'elle-même, elle se rendit dans la cuisine pour préparer le dîner. Il était presque 19h, et Wassila n'était pas encore entrée... Où s'était-elle donc rendue... ? Les lundis, elle ne travaillait pas, et le plus souvent elle passait cette journée à la maison pour faire le ménage et se reposer.
Taos hausse les épaules. La voyante lui avait annoncé qu'elle allait trouver enfin un mari... Elle sera heureuse de pouvoir enfin la caser et de se décharger d'un lourd fardeau... Quelle délivrance de la savoir enfin chez elle, et de ne plus avoir à se préoccuper de son avenir !
Wassila descendait d'un taxi qui venait de la déposer non loin de son quartier. Elle fait à peine quelques pas qu'elle sentit une présence derrière elle. Elle se retourne vivement, et reconnaît Athmane qui, à l'évidence, l'attendait. Il sentait la cigarette et même un peu l'alcool. Chose qui ne lui était arrivée qu'une seule fois, depuis leur première rencontre.
Wassila lui avait certifié qu'elle ne supportait pas l'odeur de la cigarette, encore moins celle de l'alcool. Cependant, elle savait qu'il fumait lorsqu'il se sentait stressé ou angoissé, et qu'il buvait aussi à chaque fois que l'occasion se présentait.
(À suivre) Y. H.


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