Dix-sept personnes, dont deux ex-P/APC, des employés du service technique et le contrôleur du budget de la wilaya d'Alger sont impliqués. Tout a été dit ou presque sur la gestion scabreuse des collectivités locales. Les prisons regorgent de ces dizaines d'élus qui ont trompé la confiance du contribuable et fait de son argent un bien personnel. Le scandale qui vient de frapper la commune de Sidi Moussa, dans la banlieue est d'Alger, est édifiant sur ce genre de mandataires véreux et sans scrupules. Alors que Sidi Moussa était encore en proie au terrorisme, ses élus ont choisi de lui porter le coup de semonce en accaparant ses ressources financières. En quatre ans (de 1999 à 2003), près de 3 milliards de centimes ont disparu de la recette communale. Les responsables de cette saignée sont les deux ex-P/APC d'obédience RND, des employés du service technique ainsi que le contrôleur du budget de la wilaya d'Alger. En tout, 17 personnes sont impliquées dans cette sombre affaire révélée au grand jour par les éléments de la compagnie de la gendarmerie nationale d'El-Harrach. Au cours d'une conférence tenue, hier matin, le capitaine Diaf, chef de cette compagnie, a affirmé avoir agi sur renseignements de citoyens. à l'origine, de nombreuses rumeurs circulaient autour d'opérations de détournement de la recette. Saisis de cette affaire, les éléments de la gendarmerie procédèrent à des investigations et rédigèrent un rapport accablant qu'ils adressèrent au procureur de la république de Larbaâ. Aussitôt, un vaste coup de filet est opéré. Jeudi dernier, ont eu lieu les différentes arrestations. Les inculpés seront présentés, aujourd'hui, devant le parquet. Leur séjour derrière les barreaux risque d'être très long. Et pour cause, les délits consignés dans le rapport de la compagnie de la gendarmerie d'El-Harrach vont au-delà du simple détournement. Faux et usage de faux, association de malfaiteurs… les chefs d'inculpation sont légion. Sans doute grâce à un réseau de complicité étendu à la wilaya, les maires et leurs acolytes croyaient échapper aux mailles de la justice. Ils opéraient de deux différentes façons. La première a trait à la «résurrection» d'anciens projets déjà réalisés pouvant engranger de nouvelles dépenses qui, naturellement, sont virées sur le compte d'un entrepreneur complaisant. La seconde concerne tout bonnement des projets fictifs. Une série de mandats émanant de la recette communale, validés par le contrôleur de la wilaya, ont pu ainsi être virés sur des comptes de particuliers. N'a-t-on rien vu auparavant de ce vaste détournement ? Pourquoi les langues se sont-elles déliées aujourd'hui seulement ? Autant de questions sont au menu de l'instruction. Le nouveau président de l'assemblée locale aurait pu découvrir le pot aux roses sauf qu'il est suspendu de ses fonctions depuis des mois à cause d'une plainte pour agression. S. L.