Au lendemain de la restructuration économique et industrielle effectuée au début des années 1980 et la création des EGT, un rêve est né : celui de rattacher des unités hôtelières du Nord à celles du Sud et faire de l'Onat la force de vente de la destination Algérie, en général, et saharienne en particulier. Aujourd'hui, 30 ans après, ce double rêve, concrétisé en 2010, est devenu une réalité... amère au regard des constats. Pour l'arrimage des petites unités du Sud aux géants urbains publics du Nord, l'idée est simple. Certains grands hôtels urbains du Nord notamment algérois et appartenant au parc public, disposent d'une importante clientèle en matière de volume et de pouvoird'achat. Ces entités disposent aussi d'une grande aisance financière et d'un savoir-faire de leurs personnels et encadrements. Par ailleurs, dans le Sud, dans le même parc hôtelier public, on retrouve des unités disposant d'une clientèle saisonnière capable de remplir les structures d'hébergement juste deux ou trois mois durant l'année, une situation financière précaire et un encadrement et personnel sous-qualifiés. Toujours selon cette même idée, arriver à drainer une partie de la clientèle urbaine vers les hôtels du Sud pour des week-ends, des périodes de vacances et des fêtes, améliorerait le taux d'occupation dans les structures du Sud. Une modulation de la saison saharienne sera, alors, créée et la situation financière des unités de la région se portera mieux. Durant la basse saison saharienne, la pléthore des effectifs des hôtels du Sud sera exploitée dans les hôtels du Nord, allégeant ainsi les charges des uns et améliorant le service des autres. En haute saison saharienne, les unités du Sud bénéficieront de l'expertise des ressources humaines des hôtels urbains. C'est ainsi, qu'à partir du 1er janvier 2010, les unités Rym de Béni Abbès, Mehri de Ouargla et El-Boustène d'El-Goléa seront rattachées à la chaîne EGT El-Aurassi nouvellement créée à la place de l'ex-EGTH El-Aurassi. La chaîne El-Djazaïr verra le jour à la même date et absorbera les actifs du Caïd à Boussaâda, du Taghit à Béchar et du Gourara à Timimoun qui vont se joindre au Kerdada, ex-Transat à Boussaâda. L'EGT Centre, elle, héritera de l'hôtel Touat situé à Adrar. Aujourd'hui, cinq ans après, sur le terrain, la synergie tant attendue de ce mariage de raison Nord-Sud n'a toujours pas eu lieu. Les hôtels du Sud ont bénéficié de dotations budgétaires de l'Etat — bailleur de fonds pour leur rénovation sans l'apport des entreprises mères les flux nord-sud de la clientèle sont minimes pour justifier une telle restructuration. Pour ce qui est de faire de l'Onat, le voyagiste par lequel le tourisme saharien devrait renaître de ses cendres, l'approche a été engagée sur la base d'une étude des seuls atouts de la boîte. Ainsi, en 2011, le plus grand tour-opérateur du pays en matière d'étendue géographique a tronqué son statut d'EPE pour retourner dans le giron du ministère du Tourisme. Retour à la case de départ, soit à la veille de janvier 1991. L'objectif recherché par une telle démarche est de faire de ce voyagiste le fer de lance du marché dit domestique. Pour les initiateurs de cette restructuration, il n'est pas question que l'Onat fasse dans l'Out Going et envoie des touristes algériens à l'étranger, dont la omra. Ainsi, entité administrative, l'office est interdit de faire la omra et d'importer les produits touristiques. Sa seule mission est de pousser les Algériens à consommer national et les étrangers non résidents à choisir la destination Algérie. Pour les adeptes de cette approche, l'Onat dispose d'une série d'atouts dont sa présence dans les 48 wilayas du pays, un capital expérience chez son personnel, sa notoriété auprès des nationaux et les garanties vis-à-vis des TO étrangers du fait de son statut public. Mais, sur le terrain, ces points forts ne lui seront d'aucun secours face aux tares qu'il traîne et qui sont celles de toute entité administrative jetée en pâture dans un marché sans merci. Au milieu d'agences de droit privé agressives, l'office sera incapable de mener à terme les missions qui lui sont attribuées. Dans le monde du business, les décisions politiques ne peuvent pas remplacer les études de marché et les règles managériales. En urgence, dès 2013, l'Onat a dû récupérer le marché de la omra au risque de rendre l'âme financièrement. Sur le marché du saharien et le réceptif, l'office patauge dans un environnement qui n'est plus favorable. Pourtant, le frère TCA et son expérience plus ou moins réussie auraient pu inspirer le gouvernement dans sa quête de refonte des statuts de l'Onat pour en faire un voyagiste ouvert aux capitaux privés versés dans le management moderne et offrant plus de libertés aux gestionnaires qui ne demandent que les moyens pour en découdre avec les autres intervenants sur un marché national et régional des plus difficiles. Aujourd'hui, conjoncture financière oblige, le moment est peut-être venu, de penser les politiques de restructuration avec un seul objectif celui de faire de l'hôtel et de l'agent de voyages une source de richesse. M. K.