En lançant une offensive contre le port stratégique de Marioupol, où 30 civils au moins ont péri, les séparatistes pro-russes en Ukraine, se sont mis à dos l'ensemble de la communauté internationale, alors que la pression internationale monte contre Moscou, accusé de soutenir les rebelles. Les séparatistes pro-russes ont, en effet, annoncé avoir lancé une offensive contre le port stratégique de Marioupol, où 30 civils au moins ont péri, comme affirmé par le dirigeant de la république autoproclamée de Donetsk, Alexandre Zakhartchenko, en assurant qu'il n'y aurait "pas d'assaut". L'enjeu de l'offensive, contre cette dernière grande ville de l'Est ukrainien sous contrôle de Kiev, est de créer un pont terrestre entre la Russie et la Crimée, annexée en mars. Bien que les rebelles ont nié leur responsabilité dans les bombardements, des observateurs de l'OSCE ont, après analyse d'impacts, soutenu que les roquettes provenaient de deux localités contrôlées par les séparatistes. Le président ukrainien Petro Porochenko a dénoncé un "acte terroriste" et un "crime contre l'humanité" et promis que son pays allait se battre jusqu'à la "victoire totale" contre les séparatistes. Il a écourté sa visite en Arabie Saoudite pour présider, dimanche, une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité nationale et de défense "pour mettre en œuvre des mesures supplémentaires" à la mesure de la dégradation de la situation dans l'Est de l'Ukraine. Cette attaque, qui survient quelques jours après l'abandon par l'armée ukrainienne de l'aéroport de Donetsk, site hautement symbolique, marque un tournant dans le conflit qui a fait plus de 5 000 morts en neuf mois. De l'avis des experts, en effet, il s'agit d'une nouvelle étape dans l'escalade du conflit, dont la finalité est de "discréditer le pouvoir ukrainien et provoquer des protestations dans des villes proches du front", selon Oleksiï Melnik, analyste du centre indépendant Razoumkov. Le secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de défense, Olexandre Tourtchinov, a de son côté rendu le président russe Vladimir Poutine "personnellement responsable" de l'escalade du conflit, augurant de nouvelles pressions sur Moscou. L'Union européenne (UE) a dénoncé les bombardements et a averti que cette escalade dans les affrontements allait gravement détériorer les relations avec la Russie. Selon des sources, les chefs de la diplomatie des 28 pourraient être convoqués dans la semaine à Bruxelles sur le dossier ukrainien. La Lettonie, présidente en exercice de l'UE, a réclamé de nouvelles sanctions contre la Russie. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a demandé à Moscou de "mettre fin immédiatement" à son soutien aux séparatistes, tandis que le vice-président Joe Biden avec le président ukrainien ont blâmé la Russie pour ne pas se conformer aux engagements des accords de paix de Minsk en septembre. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a de son côté jugé "très dangereuse" l'escalade en Ukraine. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a "condamné fermement" les bombardements, de même que l'OSCE et l'Otan. A Kiev, le Premier ministre Arseni Iatseniouk a exigé la convocation d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU. Amar R./Agences