Energy Club, une association regroupant d'anciens diplômés de l'Institut algérien du pétrole (IAP) soumet à l'appréciation d'experts en énergie, de chefs d'organisation patronale, de Think Tank, de représentants de la société civile une sorte de "Paquet énergie", un ensemble de propositions dont la finalité est de mettre en place quelque chose de durable en matière énergétique. Dans le "Paquet énergie", le renouvelable est porté au premier plan des priorités, les gaz de schiste ne sont pas exclus, et l'économie d'énergie n'est pas une question subsidiaire. L'approche énergétique ainsi fignolée par les diplômés de l'IAP fera l'objet d'un large débat, à la faveur d'un colloque national, intitulé "Nouveau modèle de croissance et problématique énergétique, 2015-2030" que l'association organisera aujourd'hui à Alger. Dans une conférence de presse qu'elle a animée mercredi dernier, en fin de journée, consacrée à la présentation du programme de la rencontre, Energy Club a expliqué qu'elle essaye, à travers cette conférence, de faire avancer le débat sur l'énergie, de trouver un consensus autour des questions énergétiques, souhaitant que soient transcendés tous les clivages. Elle veut un débat inclusif et pas seulement un débat d'experts. L'association a sommairement sérié les problèmes qui se posent aujourd'hui, citant en exemple, la consommation en gaz qui explose. Au rythme actuel de consommation interne, comment allons-nous alimenter nos centrales électriques, prendre en charge la demande en gaz des ménages, et continuer à exporter ? s'interroge Mustapha Mékidèche, économiste, présent à cette conférence de presse. Aussi, faut-il "un nouveau régime de croissance" et "une vision globale" qui permettent de se départir de la "rente" des hydrocarbures, indique Mékidèche, pour qui, le modèle de croissance dont il est question "ne peut être financé par les hydrocarbures, mais par des leviers de substitution au pétrole". Ainsi, ajoute-t-il, il y a nécessité de trouver de la ressource, de réformer la fiscalité, de résorber l'informel parce qu'il y a profusément d'argent dans ce marché, de mettre en place une industrie aux normes, de développer et de promouvoir les exportations hors hydrocarbures..., résume-t-il. Mustapha Mékidèche estime, par ailleurs, vital de repenser le modèle de consommation énergétique, relevant, par exemple, que les prix des produits pétroliers en Algérie sont parmi les plus bas de la région Mena. Il relève, également, que si les ménages et les industriels s'y appliquent, la rationalisation de la consommation d'énergie devra permettre au pays de faire d'énormes économies d'énergie. Il propose aussi que les villages éloignés soient alimentés en énergie voltaïque. C'est, juge-t-il, plus intéressant que le gaz par canalisation. Et les gaz de schiste ? "À l'occasion de ce colloque, nous allons évoquer ce qui se fait actuellement dans le domaine de l'énergie, qu'il s'agisse du fossile ou du renouvelable, et nous projeter dans le futur. Pour ce qui se rapporte au gaz de schiste, je dirai que si la sécurité énergétique du pays l'exige, il faut y aller", explique Mékidèche, ajoutant que "le gaz de schiste est une action industrielle. Encore faut-il qu'elle soit bien équilibrée". La question du schiste "ne sera pas éludée", dans le débat d'aujourd'hui, prome-t-il. Tewfik Hasni, expert en transition énergétique, affirme, lui, qu'il y aura matière à débat, dans ce colloque, que c'est impérieux de cerner la vision globale qui va sous-tendre notre développement et la croissance que nous voulons imprimer à notre économie. Il nous faut, dit-il, bien comprendre la transition énergétique, rappelant que le pays aura besoin du renouvelable dans son mix énergétique. Le colloque dont il s'agit fait suite à celui organisé l'année dernière par Energy Club. Il se différencie par le fait qu'il intervient dans un contexte de crise pétrolière. Y .S.