Le torchon brûle entre les responsables du Syndicat national des éditeurs du livre (Snel) et les membres dissidents ayant décidé de créer leur propre organisation appelée organisation des éditeurs des livres (Onel), encore non agréée. Ces derniers ont été les premiers à ouvrir les hostilités, via la presse, contre la direction de leur désormais ex-syndicat lui imputant presque tous les maux affectant l'industrie du livre. Révoltés, le président et le SG du Snel, Ahmed Madi (éditions Dar El-Hikma) et Ahmed Boudermine (éditions Dhakirat Ennas), ne comptent pas se taire et menacent d'engager des poursuites judiciaires contre ces accusations proférées à leur encontre. Les deux responsables du Snel promettent de "faire éclater toute la vérité". Et d'apporter davantage de preuves que "ce sont eux, (les membres dissidents du Snel), les importateurs, les éditeurs fictifs et les affairistes du livre, et non pas nos membres crédibles et honnêtes qu'ils tentent de souiller". "Ces gens, qui parlent au nom d'une organisation fantoche, (Onel, Ndlr), truffée d'importateurs et d'affairistes, légalement interdite d'activités car n'ayant pas encore d'agrément, n'ont aucune crédibilité. Et contrairement à ce qu'ils disent dans les journaux, ils ne représentaient même pas la moitié des membres du Snel. Ils sont à peine 43 et tentent de faire croire qu'ils représentent ‘90%' des éditeurs nationaux, alors que, même après le départ, le Snel compte encore plus de 90 éditeurs connus et reconnus au niveau national", précise M. Madi. Selon lui, les anciens adhérents du Snel agissent sous l'influence de celui qui a dirigé le syndicat jusqu'à 2009. Dans ses propos tenus tout récemment dans nos colonnes, rappelons-le, le président de l'Onel naissante, Mustapha Kallab, accusait M. Madi d'avoir "fait dévier le Snel de sa ligne de conduite". Dans sa riposte, M. Madi a rappelé le triste épisode du Panaf organisé en 2009 par le ministère de la Culture, sous la houlette de Khalida Toumi, qui, selon lui, a vu la subvention de "180 titres" de l'édition Casbah appartenant à Smaïl Ameziane et de certaines maisons d'édition de "ses amis". Il cite, entre autres, Dar el-Houda de Mustapha Kellab, Dar Chihab, Apic, Barzakh ou encore Dar El-Ouma. C'est d'ailleurs, poursuit-il, l'une des causes directes qui aurait conduit les membres du Snel à voter, en 2009, le retrait de confiance à Smaïl Ameziane. D'après M. Madi, l'ex-président du Snel et tous les éditeurs acquis à sa cause, auraient tous bénéficié d'une aide de l'Etat qui avoisinerait "20 à 30 milliards de centimes, seulement entre 2009 et 2014". Cela a été rendu possible, précise-t-il, par l'inexistence d'un cahier des charges devant fixer les conditions d'octroi de subventions par le ministère de tutelle. À son tour, le SG du Snel, Ahmed Boudermine, rappelle que les partisans d'Ameziane avaient tenté vainement de ternir l'image du Snel, à travers le dépôt, à partir de 2009, de quatre plaintes "toutes déboutées". Quant aux importateurs dont parlaient les membres de l'Onel, M. Madi réplique que ces derniers "se comptent parmi eux". Il accuse ouvertement les maisons d'éditions Dar El-Arab et Dar El-Atfal, des frères syriens Mohamed et Feras El-Djahmani, Dar El-Houda de Mustapha Kellab, ou encore Dar El-Ouma et Dar El-Nouâman de Hassen Nouâman, lesquelles, indique-t-il, importent des livres religieux et de culture arabe, respectivement d'Egypte et de Syrie. L'entreprise nationale des arts graphiques, Enag, dirigé par Hamidou Messaoudi, qui a également rejoint l'Onel, n'a pas été épargnée par M. Madi qui révèle qu'elle importe aussi des livres. Selon lui, elle a surtout l'exclusivité d'importer des livres de Tunisie, édités par la maison locale d'édition et de diffusion Yamama. Il accuse, en outre, la maison Casbah d'avoir imprimé, de 2010 à 2012, le manuel scolaire dans les deux pays sus-cités, (Egypte et Liban). Ce qui est pourtant formellement interdit par la loi. Pour ce qui est de l'ambition du Snel à instituer le 1er salon arabe du livre, à l'occasion de la manifestation "Constantine, capitale de la culture arabe", une option critiquée par les membres de l'Onel et qui a fini par être annulée par la ministère de la Culture, M. Madi juge que l'Algérie a raté cette aubaine, et ce, malgré, estime-t-il, le respect de la procédure légale, entamée depuis juillet 2014, et non pas deux mois comme dénoncé par ses adversaires. M. Madi ne manque pas de dénoncer, par ailleurs, la mainmise de M. Améziane sur le salon international du livre, (Sila), depuis 2009 à ce jour. Entre 2000, année de son institution, et 2009, raconte M. Madi, ce qui était alors appelé salon international du livre était coorganisé par la Safex, le Snel et l'Anep. Mais, à partir de 2009, poursuit-il, soit après le départ de M. Ameziane du Snel, Khalida Toumi avait décidé de le convertir en Sila et de déplacer le Salon au stade olympique Mohamed-Boudiaf, (5-Juillet), sous un chapiteau, "Juste pour justifier la nomination d'Ameziane comme directeur". Depuis, regrette M. Madi, le Sila a été, en fait, converti en un festival juteux, aux budgets colossaux. Et, toujours selon M. Madi, c'est aussi M. Améziane qui a, par la suite, "imposé" M. Messaoudi, P-DG de l'Enag, "avec la bénédiction de Khalida Toumi", à la tête du Sila, depuis que son organisation est revenue, en 2012, à la Safex. Désormais, M. Madi déclare ne "plus se taire jusqu'à l'éclatement de toutes les vérités". F. A.