Ils sont nombreux à solliciter les cliniques privées pour des interventions chirurgicales, car les chirurgiens exerçant dans les hôpitaux se dérobent sous de fallacieux prétextes. Ce dossier sensible et crucial des infrastructures sanitaires a fait couler beaucoup d'encre en raison des dysfonctionnements récurrents, et suscite la colère des patients et des responsables locaux destinataires des doléances citoyennes. La wilaya de Guelma (524 443 habitants) abrite au chef-lieu l'EPH Docteur-Okbi (300 lits) réalisé durant les années 1980, l'EPH Ibn-Zohr (102 lits) datant de l'époque coloniale, l'EPH d'Oued Zenati (140 lits), l'EPH de Bouchegouf (100 lits) et l'EPH de Aïn Larbi (40 lits), un ancien sanatorium réaménagé, et où exercent 166 médecins spécialistes et 151 généralistes. Le découpage initié par le ministère de tutelle comprend les EPSP de Guelma, Bouchegouf, Oued Zenati et Aïn Makhlouf, qui couvrent 34 communes disposant de polycliniques, centres de santé et salles de soins. Il convient de souligner la présence d'un effectif global de 969 agents paramédicaux tous corps confondus, qui activent dans l'ensemble des structures sanitaires. En 2014, les praticiens ont effectué 4060 interventions chirurgicales, dont 2409 à Okbi, 1027 à Bouchegouf et 624 à Oued Zenati. Selon les documents qui nous ont été remis par la DSP, il est étonnant de relever que 1548 césariennes ont été pratiquées sur les 5459 parturientes admises au service de maternité. Dans un passé récent, les mamans accouchaient normalement avec l'assistance des sages-femmes, car les gynécologues étaient rares. Une grand-mère nous confie : "La prise en charge des parturientes laisse à désirer, puisque la césarienne devient désormais le passage obligé ! Les professionnels du ministère de la Santé gagneraient à se pencher sur cet important volet, car la vie humaine est sacrée ! Par manque de gynécologues, notamment lors des gardes de nuit et des journées fériées, les médecins préfèrent évacuer par ambulance les femmes en couches vers les CHU de Annaba ou de Constantine !" Nous constatons que durant l'année écoulée, il a été effectué 2182 évacuations à partir des cinq hôpitaux pour des accouchements, des blessés et des pathologies lourdes. Les centres d'hémodialyse qui disposent de 32 générateurs, dont 8 en panne et 3 réformés, ont pratiqué 14 031 séances aux insuffisants rénaux, soit un montant de plus de 103 millions de dinars. De nouvelles infrastructures et des projets de réhabilitation Le secteur privé comporte une clinique, 2 centres d'hémodialyse, 88 cabinets de médecins spécialistes, 86 cabinets de généralistes, 68 cabinets de chirurgiens-dentistes, 136 officines pharmaceutiques et 8 laboratoires d'analyses médicales. Les citoyens recourent souvent à ce secteur et préfèrent mettre la main à la poche pour aspirer à des soins performants. Ils sont nombreux à solliciter les cliniques privées pour des interventions chirurgicales, car les chirurgiens exerçant dans les hôpitaux se dérobent sous de fallacieux prétextes. L'hygiène s'est améliorée dans les structures sanitaires et les carences sont sanctionnées à présent par les gestionnaires qui sont à cheval sur ce volet crucial. Le service des urgences est souvent encombré et saturé par l'afflux de faux malades, de patients accompagnés de leurs proches, et ce sont les jeunes gens sous l'effet des psychotropes et de l'alcool qui créent des désordres et des incidents fâcheux. Les conditions sécuritaires ne sont pas suffisamment remplies dans ces services, et ce sont les médecins et les paramédicaux qui en pâtissent ! La prise en charge des malades est souvent décriée car les bilans médicaux, le scanner, l'échographie et autres sont effectués chez le privé, même pour ceux qui sont hospitalisés. Le DSP, Messaoud Bouhana, en poste à Guelma depuis à peine quatre mois, a bien voulu nous entretenir : "Notre objectif est de relever le défi en matière de prise en charge de la population par la présence réelle et effective de tout le personnel médical et paramédical sur les lieux de travail, car nous visons la mise à niveau de la santé. Notre feuille de route privilégie le dialogue constructif avec tous les partenaires concernés, la mise en place de 6 gardes mensuelles par les spécialistes, le lancement d'inspections par des praticiens inspecteurs de la DSP dans toutes les structures sanitaires. Nous voulons ressusciter notre secteur qui dispose d'énormes moyens humains et matériels qui lui permettent de progresser et d'accomplir des miracles. Aucune défaillance ne sera tolérée et chacun doit rendre des comptes !" Notre interlocuteur nous apprend la mise en service, ce mois-ci, d'un centre d'hémodialyse de 12 générateurs, d'une polyclinique au POS Sud à Guelma, d'un complexe mère et enfant en juin prochain, de la réhabilitation de 10 polycliniques, de 3 EPH, du lancement en avril dernier des travaux d'une autre école paramédicale, du nouveau siège de la DSP, de trois nouveaux EPH de 60 et 120 lits, d'un centre d'hémodialyse de 8 générateurs à Bouchegouf, d'un bloc opératoire et des urgences à Oued Zenati et d'un autre bloc des urgences à Dr-Okbi et l'achat d'équipements médicaux dernière génération pour un montant global de 335 millions de dinars. Il est préconisé le recrutement de 32 médecins spécialistes pour renforcer la couverture des EPH et EPSP. H. B.