Ali Benflis (Talaiou El-Houriyat) : "Un gouvernement qui ne gouverne pas" "Le régime politique en place s'enfonce dans l'absurde. Il improvise des replâtrages alors que l'ensemble du pays est dans une impasse politique, économique et sociale. Les remaniements ministériels auxquels il procède ont atteint un tel degré d'insignifiance politique qu'il est difficile de les astreindre à quelque lecture politique que ce soit. Ces remaniements se suivent, se ressemblent, n'ont pas de sens, et il serait bien ardu de leur en donner un. Pour tous ceux qui savent qu'une vacance du pouvoir existe bel et bien au sommet de l'Etat, les premières questions qui se posent sont celles de savoir de qui procède ce remaniement ? Qui l'a décidé ? Qui a jugé de son opportunité ? Dans le même sens et à un moment où s'amplifie et dégénère une véritable crise de régime, il est particulièrement malaisé de voir en quoi ce remaniement, si peu expressif politiquement mais si lourd de silence quant aux motivations réelles de ses auteurs, peut atténuer ou contenir les effets ravageurs de cette crise de régime. Et, enfin, la question la plus essentielle : à quoi peut bien servir le remaniement d'un gouvernement qui ne gouverne pas." Atmane Mazouz (RCD) : "Les Algériens sont à la recherche d'un vrai changement" "Encore une opération de relooking destinée à maquiller une réalité faite de blocage et de navigation à vue avec la reconduite d'un personnel issu d'un même collège pour un saupoudrage qui n'aura aucun effet. Ce remaniement attribué au chef de l'Etat confirme le statu quo et intervient à un moment où le gouvernement est éclaboussé par une série de scandales de corruption et de grands déballages sur les errements de nombreux ministres de l'actuel gouvernement. Pour de nombreux Algériens, toutes les composantes qui seront issues de ce régime seront disqualifiées et assimilées pareillement à toutes les précédentes comme association de prédateurs aux ordres d'un clan. Nous sommes face à une gouvernance qui a atteint ses limites et le traitement du malaise que vivent les Algériens ne peut se satisfaire de replâtrages et de promesses souvent non tenues. L'Algérie est dans une impasse, et ce n'est pas le défilé de ministres, souvent incompétents et détachés de la réalité algérienne, qui pourront changer quoi que ce soit. Les Algériens sont à la recherche d'un vrai changement et ne peuvent se contenter de fausses solutions en jouant sur le reclassement des clientèles et la manœuvre." Saïd Bouhadja (FLN) : "Créer une dynamique au sein du gouvernement" "Ce remaniement entre dans le cadre de l'alternance sur les postes de responsabilité. Les ministres nommés vont apporter, de par leur spécialité et leur expérience, une plus-value à l'action du gouvernement. Les Algériens aiment l'alternance et le travail. De ce fait, ce remaniement sera accueilli positivement par le peuple. Il va créer une dynamique au sein de l'équipe gouvernementale pour plus de réalisations. Au FLN, nous souhaitons bon courage à toute cette équipe, en attendant la finalisation des réformes politiques. Nous sommes satisfaits de ces nominations qui restent l'une des prérogatives du chef de l'Etat." Soufiane Djilali (Jil Jadid) : "Un coup d'épée dans l'eau" "Ce remaniement est purement technique. Il est fait pour tenter de désamorcer quelques problèmes entre les uns et les autres. Le Président étant absent, chacun a dû prendre beaucoup de liberté. Cela a entraîné une cacophonie. Certains ont été trop impliqués dans la polémique autour des histoires de corruption. Un petit lifting pour faire croire que le Président est toujours là et aussi pour faire patienter le peuple et dissiper quelques tensions internes. Il n'obéit ni aux réformes politiques, ni à l'ouverture sur les partis proches du gouvernement, ni au souci de régler le moindre problème du pays. Ce remaniement est un vrai coup d'épée dans l'eau." M. M.