Bien sûr, il ne faut pas être naïf au point de croire que la reconnaissance des massacres par leurs propres exécutants va clouer le bec aux partisans du “qui tue qui ?” On le savait moribond, le voici à présent à terre n'attendant que l'estocade. Le GIA, dont la seule évocation du sigle emplissait d'effroi il y a quelques années seulement, a été frappé de plein fouet dans son commandement. En l'espace de quelques jours seulement, ces dernières semaines, ses chefs ont été éliminés physiquement ou sont tombés entre les mains des services de sécurité. Une fois n'est pas coutume, c'est le ministère de l'Intérieur qui a pris soin de rendre public le communiqué faisant état de ce magistral coup de filet. On apprend, par la même occasion, que ce qui reste de la sinistre organisation est désormais géographiquement cantonné dans un périmètre, au centre du pays, qui rétrécit comme une peau de chagrin. Privés des anciens appuis au sein de populations terrorisées, considérablement affaiblis et en voie d'anéantissement sous les coups de boutoir des forces de sécurité, les éléments du GIA en étaient réduits à errer comme des âmes en peine dans un environnement où ils ne rencontrent, désormais, qu'hostilité déclarée et mépris nauséeux. à en croire le communiqué du ministère de l'Intérieur, la moisson est également riche, instructive et édifiante par les renseignements de première main recueillis directement auprès d'acteurs témoins des massacres collectifs perpétrés par le GIA, notamment à la fin de l'été et au courant de l'automne 1997, dans des localités tragiquement sorties de l'anonymat comme Bentalha, Raïs, Had Chekala, etc. Le même communiqué indique que les services de sécurité ont mis la main, à cette occasion, sur de notables reliquats de butins amassés par les hordes d'assassins. Bien sûr, il ne faut pas être naïf au point de croire que la reconnaissance des massacres par leurs propres exécutants va clouer le bec aux partisans du “qui tue qui ?” Il est vrai que ces derniers aussi sont en perte vertigineuse de vitesse depuis que leurs mentors européens se sont aperçus de leur supercherie intellectuelle. Mais, ils pourront toujours clamer, avec l'aplomb qui leur est habituel, que les terroristes arrêtés ont été débriefés par les services de sécurité ou sont des agents infiltrés dans les rangs du GIA. La rengaine est certes archi-usée, mais elle continuera certainement d'être débitée tant qu'elle permet d'entretenir quelque doute et tant que le commerce des droits de l'homme et de la liberté d'expression restera sous monopole intéressé. La mauvaise foi de ces milieux, même s'ils sont en déclin, ne doit pas pour autant dispenser les autorités de leur devoir de vérité : lever définitivement le doute quant à l'appartenance des auteurs des massacres qui ont traumatisé les Algériens pendant des années. A. H.