Si la BA décide de réduire encore plus les engagements extérieurs des BEF, c'est qu'elle envisage sérieusement de limiter davantage l'utilisation du Crédoc et de privilégier la remise documentaire. La Banque d'Algérie (BA) fait sienne la stratégie prônée par le gouvernement qui incite les banques et les établissements financiers (BEF) à financer beaucoup plus l'économie que les opérations de commerce extérieur. Dans une instruction qui date du 22 juillet 2015, la Banque centrale fixe un nouveau plafond autorisé des engagements extérieurs des BEF. À compter du 1er août 2015, le niveau des engagements extérieurs par signature des banques et établissements financiers ne doit, à aucun moment, dépasser "une fois leurs fonds propres réglementaires tels que définis par la réglementation prudentielle en vigueur". Il s'agit, précise la note signée par le gouverneur, Mohamed Laksaci, "de l'ensemble des engagements par signature afférents aux opérations d'importation, déduction faite des dépôts de garantie et provisions constitués en dinars au titre de ces opérations". Ainsi, les banques, intermédiaires agréés, doivent transmettre mensuellement à la direction générale des changes, relevant de la Banque d'Algérie, "au plus tard le 15 du mois qui suit le mois de référence, sur supports magnétique et papier, un état récapitulatif des transferts exécutés, ventilés par mode de règlement, établi conformément au modèle choisi préalablement", explique l'instruction de M. Laksaci. Celle-ci annule et remplace donc celle datant du 23 novembre 2014 fixant le seuil de ces engagements à deux fois les fonds propres des banques. Cette mesure prise par la banque des banques vise, certes, la mise en œuvre des règles prudentielles en vigueur au profit des institutions financières, mais elle a également pour but de réduire un tant soit peu les importations qui ont atteint la bagatelle de 60 milliards de dollars en 2014. Les banques recourent ainsi à l'engagement par signature pour se porter garantes de la solvabilité de leurs clients importateurs. Dès que son client effectue une domiciliation bancaire, la banque s'engage pour garantir le virement. C'est, en d'autres termes, le crédit documentaire, appelé communément Crédoc, consacré par la loi de finances complémentaire pour 2009 comme moyen de paiement des importations, avant que l'Exécutif ne rétablisse en 2014 la remise documentaire comme second outil. C'est l'engagement par signature d'une banque de payer, pour compte de l'acheteur, un montant déterminé au fournisseur d'une marchandise ou prestation, contre remise, dans un délai fixé, de documents conformes prouvant que la marchandise a été expédiée ou la prestation effectuée. Cependant, la banque ignore souvent la valeur réelle et la nature de la marchandise, objet de son engagement, et s'expose de ce fait à un risque. En termes plus clairs, même si son client importe n'importe quoi, la banque doit se porter garante de payer le fournisseur... Si la BA décide de réduire encore plus les engagements extérieurs des BEF, c'est qu'elle envisage sérieusement de limiter davantage l'utilisation du Crédoc et de privilégier la remise documentaire, résultat d'une relation de confiance entre client et fournisseur. Avec cet instrument (remise documentaire), l'opération d'importation n'engage en rien la banque qui n'apporte pas de garantie de paiement, mais transmet les documents permettant de prendre possession des marchandises contre un paiement comptant ou acceptation de traites. De ce ratio prudentiel, ramené de quatre à deux, puis à une seule fois les fonds propres des banques, il est attendu de "contenir les risques liés à l'implication des banques dans le financement des importations dès 2015, afin de contribuer à préserver un niveau approprié de stabilité financière en Algérie face à un environnement économique mondial porteur de risques à la hausse", a souligné M. Laksaci au cours de l'une de ses réunions avec les BEF. B. K.