"Le pays traverse aujourd'hui une situation inextricable et risque de s'enliser dans une crise encore plus importante que celle de 1986 dont les événements de 1988 qu'elle a engendrés", alerte Abderrezak Makri dans son long discours (écrit) prononcé, à cette occasion, qui regrette, au passage, "la négligence" du pouvoir en place de toutes les alertes lancées bien avant l'avènement de la crise qui affecte le pays actuellement. "Personne ne voulait nous entendre lorsque nous appelions (les décideurs) à prévenir l'arrivée de la crise avant même l'apparition de ses premiers indices, lorsque nous leur disions que la manne financière avec laquelle vous achetez la paix sociale pour juste rester au pouvoir allait finir ; les conscients et tous ceux ayant les capacités de comprendre les règles et les mutations, alors à leurs premiers balbutiements, avaient compris la réalité de la situation, et ce sont ceux-là les critères du gouvernant apte à gouverner. Je n'ai pas compris pourquoi nous n'avons pas été compris, pourquoi ils (les décideurs) ne se sont pas intéressés à l'arrivée d'une crise. Cela est-il dû à un manque de conscience, à un manque de compréhension ou à un manque de qualification ? Ou bien, est-ce de la corruption, l'absence de la peur de Dieu, ou encore l'absence de l'esprit du nationalisme ? Est-ce dû à tout cela ou en partie ?", s'interroge le leader du MSP devant son assistance composée de militants du parti et de nombreux invités nationaux et étrangers. M. Makri rappelle que ce n'est qu'après l'avènement de la crise, justifiée par la chute des prix du pétrole, que le pouvoir a commencé à en parler, à leur tête le Premier ministre et le chef de cabinet de la Présidence, (Ahmed Ouyahia) qui ont "fini, enfin, par reconnaître que le risque de revivre la crise de 1986 plane sérieusement sur l'Algérie". Pour Makri, la crise qui rattrape le pays n'est pas liée exclusivement à la chute des prix du baril de pétrole sur les marchés internationaux, comme ce fut le cas au milieu des années 1980. Selon lui, les problèmes sont, aujourd'hui, "structurels et leurs conséquences plus dangereuses cette fois-ci !". À la chute des prix du pétrole, explique-t-il, s'ajoutent également le déclin des réserves énergétiques dans le sous-sol algérien, la régression de la production et des exportations, alors que la facture des importations est en constante augmentation. Ceci, ajoute-t-il, sans parler "des agents travaillant pour des intérêts étrangers, afin d'obtenir le soutien pour rester au pouvoir, notamment après le quatrième mandat imposé !". Rappelant sa rencontre avec le chef de cabinet de la Présidence, Ahmed Ouyahia, et des conseillers du Président auprès desquels, dit-il, il avait soumis des propositions (politiques, économiques et sociales) pour sortir la crise, Makri prévoit, désormais, de voir le pouvoir "s'enliser davantage dans l'impasse dans laquelle il est déjà, et ce, à cause de ses propres comportements". Sur le plan purement économique, le chef du MSP regrette que l'ex-ministre des Finances, en l'occurrence Mohamed Djellab, qu'il avait personnellement rencontré, n'ait pas pris en compte ses propositions de solliciter des dettes extérieures avant l'arrivée de la crise, et ce, afin de ne pas contraindre le pays à renoncer à ses projets d'investissements et de développement. De l'avis de M. Makri, à travers la décision de dévaluer le dinar, le pouvoir n'a pas fait plus que "d'appauvrir le peuple". Il explique que si d'autres pays recourent à la dévaluation de leur monnaie, c'est fait pour encourager les exportations, et non pas sous prétexte de réduire la facture des importations, comme l'a décidé le pouvoir, dont l'objectif est de "gagner du temps, sans faire bénéficier l'économie nationale". Ce qui oblige d'imprimer davantage de billets de banque en l'absence de réserves en or, ni de production nationale. Si l'on ne change pas de stratégie, M. Makri appréhende une inflation à "deux chiffres" et que l'Algérien arrivera à peine "à remplir son panier contre une liasse de billets". Pour M. Makri, le renouvellement politique et la transition démocratique s'imposent désormais comme seul salut pour le pays. F.A.