"Les financements chinois sont conditionnés par l'attribution des marchés aux entreprises chinoises ainsi qu'aux services et fournitures de biens chinois pour les besoins du projet", affirme un expert. L'Algérie envisage de recourir aux fonds d'investissement chinois pour financer ses grands projets de travaux publics, sous la contrainte de la baisse de ses ressources financières et de son incapacité actuelle à financer la poursuite de son programme de modernisation des infrastructures. Ce choix est-il judicieux ? Si les Chinois veulent investir dans les grands projets d'infrastructures en Algérie, ce n'est pas sans intérêt, affirme Zhor Boudehri, spécialiste en stratégie économique. "Ce pays en crise veut un marché pour ses grosses entreprises. Les financements du Fonds d'investissement chinois sont, du reste, conditionnés par l'attribution des marchés aux entreprises chinoises et aux services et fournitures de biens chinois pour les besoins du projet. Ce besoin de marchés à l'étranger est existentiel pour un pays de 1,3 milliard d'habitants", ajoute l'expert. En l'occurrence, le fonds chinois pourrait cibler le projet du grand port du Centre situé entre Ténès et Cherchell, considéré comme un port de transbordement ouvrant l'Algérie à l'Afrique et donc favorisant le commerce de l'Algérie avec les pays de l'Afrique subsaharienne. Il faut savoir que le choix du site pose problème. Il sera plus coûteux selon des spécialistes que celui de Cap Djinet, retenu par des études nationales et internationales comme le meilleur site pour un grand port dans la région centre. Sans stratégie de partenariat, le recours à ce type de financement fait augmenter les importations et alourdit notre dépendance si ces projets ne sont pas mis à profit pour capitaliser le savoir-faire. Encore faut-il que les entreprises chinoises choisies soient de référence et ne soient pas, encore une fois, source de surcoûts, de mauvaise qualité des travaux et de corruption, à l'exemple de l'autoroute Est-Ouest. Au demeurant, sans véritable stratégie économique, cette politique d'endettement est à haut risque, selon l'expert. Il est dangereux de financer les projets d'infrastructures par l'emprunt extérieur. Car le spectre d'un surendettement et donc d'un recours au FMI n'est pas exclu dans cinq à dix ans. Ces infrastructures doivent être financées par le biais du péage (autoroute) ou sous forme de concession. Pour les ports et aéroports, ils doivent être financés par les utilisateurs (droit de passage). La politique d'endettement doit s'orienter plutôt vers des projets d'investissement productifs, qui apportent une plus-value pour le pays. Autrement, on importe de l'inflation. Par ailleurs, il existe pour l'expert d'autres alternatives de financement. L'épargne publique sera moins sollicitée car on assistera à une baisse du pouvoir d'achat des ménages. Mais le projet financing, un projet qui se finance par les revenus tirés de l'exploitation de l'unité industrielle, d'une mine ou d'un champ de pétrole peut être utilisé dans l'industrie, les mines et l'énergie. Cette formule de financement a été déjà utilisée dans les projets d'usines de dessalement d'eau de mer en Algérie. Autre alternative : si on assiste à un retour à la confiance, à un climat d'affaires favorable, le secteur privé pourrait être sollicité dans le financement de projets productifs ou de projets d'infrastructures à valeur économique avérée. En d'autres termes, un bon projet trouve toujours un bon financement. Les investisseurs étrangers sont, n'oublions pas, toujours à la recherche de bonnes opportunités d'investissement. Et l'Algérie présente aujourd'hui de bonnes opportunités d'investissement. Encore faut-il que l'Etat veuille drainer les capitaux étrangers. Ce qui ne semble pas le cas actuellement. En effet, nos gouvernants paraissent beaucoup plus préoccupés par la gestion d'une rente en train de se rétrécir. K. R.