Les attentats terroristes de Paris, revendiqués par Daech, pourraient compliquer la situation des migrants en France et ailleurs en Occident. L'annonce par les enquêteurs français de la découverte d'un passeport syrien près du cadavre du kamikaze qui s'est fait exploser près du Stade de France risque de stigmatiser les réfugiés syriens fuyant les affres de la guerre dans leur pays. Une stigmatisation dont la communauté musulmane en France — et en Europe en général — est victime à chaque fois qu'un attentat terroriste y est commis. En effet, il aura suffi de l'annonce de la découverte d'un document de voyage, enregistré lors de l'arrivée de son détenteur en Grèce en octobre, pour que les langues des xénophobes se délient, embrayant sur un sentiment de rejet des migrants déjà ambiant dans bon nombre de capitales européennes, au motif que des djihadistes de Daech pourraient se faufiler parmi les vagues qui déferlent sur l'Occident. Suite aux attentats terroristes particulièrement meurtriers de Paris, ce risque de stigmatisation est réellement appréhendé par les responsables occidentaux qui, d'ailleurs, ont vite appelé au discernement. Le premier à anticiper les propos, voire les actes haineux contre les migrants, aura été le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière, qui a appelé, dès samedi, à s'abstenir d'établir tout "lien hâtif" entre ces événements et la crise migratoire en Europe. "Je souhaiterais urgemment demander que personne n'établisse de lien hâtif avec le débat sur les réfugiés", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. Pour rappel, l'Allemagne est le principal pays d'accueil du flux de migrants en Europe. Il réagissait aux déclarations du gouvernement conservateur en Pologne qui a affirmé que le pays ne pourra pas respecter les accords européens de relocalisation d'immigrés, à cause des attentats de Paris. Ce fut ensuite au tour du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, qui a estimé, hier, que les attentats de Paris et la découverte d'un passeport syrien près du corps d'un des kamikazes ne doivent pas entraîner de changement radical de la politique européenne en matière d'accueil des réfugiés. "Ceux qui ont perpétré les attentats sont exactement ceux que les réfugiés fuient, et non pas l'inverse, et par conséquent il n'y a pas lieu de revoir dans leur ensemble les politiques européennes en matière de réfugiés", a-t-il déclaré devant la presse peu avant le sommet du G20 d'Antalya. "Celui qui est responsable de ces attaques à Paris ne peut être mis sur un pied d'égalité avec les vrais réfugiés qui cherchent asile", a-t-il souligné tout en critiquant les "réactions basiques" de ceux qui, comme la Pologne, font un lien entre l'afflux de réfugiés et le terrorisme et remettent en cause la politique européenne sur le sujet. Pour se défendre, le futur responsable aux Affaires européennes dans le gouvernement conservateur en cours de formation à Varsovie, Konrad Szymanski, a rétorqué : "Les décisions, que nous avons critiquées, du Conseil européen sur la relocalisation des réfugiés et immigrés vers tous les pays de l'UE ont toujours la force de droit européen. (Mais) après les événements tragiques à Paris nous ne voyons pas la possibilité politique de les respecter."Avec les positions radicales des partis d'extrême-droite, de droite, ou même conservateurs en Europe, il était inévitable que l'amalgame entre terrorisme et migration soit au centre des polémiques à chaque fois que des actes terroristes sont perpétrés. M.T.