Après l'acquisition du système Ibis, qui permet l'expertise balistique, la Gendarmerie nationale poursuit sa lancée vers la modernisation avec la réception de Afis (Automatic Finger Identification System), pur produit américain très sophistiqué en matière d'identification automatisée de l'empreinte digitale. Une vraie petite merveille technologique qui contribuera dans la lutte contre le crime organisé. C'est le but recherché par l'exploitation de ce matériel de pointe comme expliqué par le colonel Ayoub Abderrahmane, responsable de la communication au niveau de l'état-major de la Gendarmerie nationale. “Cette initiative s'intègre dans le cadre de la création d'un institut national de criminologie qui verra le jour en 2006, et qui constitue une opportunité certaine pour l'étude et le traitement des phénomènes criminologiques”, dira-t-il avant de céder la parole au commandant Noureddine Mourad. En sa qualité d'ingénieur informaticien et responsable technique du projet, celui-ci s'étalera longuement sur ce qu'il considère comme mode révolutionnaire pour l'identification des empreintes digitales qui pourrait servir à toutes les forces sécuritaires algériennes, tous corps confondus. Baptisé désormais Nafisa (National Automatic Finger Printer Identification System of Algeria) pour l'adapter à l'Algérie, ce système biométrique permet de procéder à la comparaison de l'empreinte de la personne incriminée avec ce qui est porté sur la banque de données des individus condamnés. Raison pour laquelle les éléments de la gendarmerie s'attellent depuis six mois à la constitution de la base de données des personnes au passif pénal, dont le nombre a déjà atteint 184 000 sans que l'opération soit totalement achevée. Il est question d'introduire les empreintes digitales de la main (doigts et paume) en plus des données personnelles (nom, prénom et affiliation) et tout ce qui est inhérent à la biométrie (caractéristiques spécifiques à la personne telles que des tatouages, des cicatrices, etc.). À ne pas négliger aussi l'importance de la photo sous différents angles (face, profil ou encore des signes particuliers sur le corps). La performance de ce système d'identification digitale permet, par ailleurs, de démasquer tous ceux qui portent de faux documents. Pour toutes ces qualités, il est judicieux, selon les acquéreurs de ce système, de le placer dans des brigades à proximité des tribunaux. Révolue donc l'époque archaïque où l'on relevait les empreintes manuellement puisque, désormais, cela se fera à travers un scanner. Les 48 brigades bénéficieront donc de ce matériel relié directement à un autre appareil au niveau de l'état-major pour identification en un temps record (10 à 15 minutes au maximum), et dont la capacité de prise en charge peut atteindre les deux millions avec possibilité d'extension. Ce système, précise le commandant Noureddine, vient d'être certifié par le FBI qui demeure, pour l'instant, son seul détenteur. “AFIS est utilisé depuis 2002 au niveau des frontières nord-américaines (contrôle de visa), comme il est adopté par le FBI”, a-t-il affirmé en indiquant que c'est justement des experts américains de renommée qui assurent actuellement la formation des éléments algériens. C'est dire que l'Algérie ne lésine pas sur les moyens pour s'offrir ce qu'il y a de mieux pour assurer la modernisation de ce corps d'élite et contrer la criminalité sous toutes ses formes. “En plus de notre mission de répression, nous nous assignons la mission de prévention qui, elle, consiste à communiquer et sensibiliser”, reprendra le colonel Ayoub en mettant en exergue la préoccupation de la délinquance et ses implications sur la société. “Nous sommes tous concernés, à commencer par la famille, à plus forte raison lorsque les statistiques font ressortir 1 100 crimes et délits perpétrés contre les ascendants seulement entre 2002 et 2003”. D'où d'ailleurs la pertinence, de l'avis de notre interlocuteur, d'impliquer de plus en plus les institutions, les collectivités locales, les associations, les familles, les écoles, les universités et les mosquées dans la lutte contre les maux sociaux et la criminalité et ce, en sus du rôle assigné aux services de sécurité et à la justice. N. S.