Comment protéger nos ressources génétiques ? Quelles sont les menaces qui pèsent sur l'agriculture familiale et la souveraineté alimentaires ? Telles sont les questions abordées lors de l'atelier maghrébin d'information et d'échanges organisé par l'association algérienne AREAD-ED, en partenariat avec l'organisation GRAIN, l'INRAA, REMADEL et l'appui financier de L'UE, le samedi 21 et dimanche 22 novembre à l'Institut National de la Recherche Agronomique d'Algérie (INRAA), à Alger. Une rencontre qui a vu la participation de plusieurs associations algériennes et maghrébine. Lors de la première journée plusieurs conférences avaient été données par des représentants de l'AREA-ED. Entre autre Pr Meriem Louanchi, le Pr Abdel Madjid Djenane et Mounir Bencharif. Plusieurs tables rondes ont été également organisées autour de plusieurs thèmes en relation avec les semences et les races locales. Parmi les intervenants il y avait deux représentants de pays voisins : Abdehamid Zemmouri (Tunisie) et Abderrahmane Medjoubi (Maroc). La deuxième journée a été consacrée à la protection juridique des ressources génétiques, des savoirs faire et des produits du terroir. Pour Salah Chouaki, représentant de l'INRAA, « ce n'est pas parce que nous avons des textes que nous sommes protégés ». La protection vient selon ce dernier par la sensibilisation « du petit agriculteur jusqu'au chercheur (...) au niveau de la douane, au niveau de la police des frontières. Quand ces agents par exemple voient qu'un touriste prendre dans ses bagages des semences on lui : c'est tout ce que vous avez emmenez ? Sans leur demander pourquoi, et est-ce qu'il est autorisé à les transporter », a-t-il indiqué. A ce sujet, Meriem Louanchi, enseignante à l'Ecole Supérieure d'Agronomie (ESA) a ajouté que la problématique est arrivée avec la commercialisation des plantes génétiquement modifiés. « C'est un processus biotechnologique qui permet d'avoir une plante améliorée, une variété hybride mais qui est breveté. L'OMC a demandé à protéger ses ressources génétiques locales par un système de brevets. Il se trouve que ces plantes génétiquement modifiées constituent un danger par rapport à la ressource génétique locale ». Le fermier ne pourra alors pas s'approprier la semence et se retrouve à l'acheter, « c'est un verrou un peu vicieux », a-t-elle indiqué. Un danger qui guette nos réserves naturelles car si l'on devient dépendants en important « les semences génétiquement modifiées on va rentrer dans un carcan inextirpable en tout cas pour nos agriculteurs, et il faut savoir que les plantes génétiquement modifiés se vendent en lot, vous avez le pesticide, la semence, etc. », a-t-elle alerté. « En gros nous avons un gisement de ressources génétiques en Algérie qui existent en particulier dans les wilayas du sud, et c'est des semences qui sont utilisés depuis des millénaires, et qui ne sont pas venus comme ça. Cette nouvelle technologie de prendre le gène dans une semence, pour fabriquer une nouvelle semence qui devient ma propriété, et que personne ne peut reproduire sans mon accord, et donc sans avoir payé, puisque ça été breveté » a récapitulé Mounir Bencharif. Et d'ajouter : « la pollution génétique, ces nouvelles gènes de variété qui sont produites par la technologie, vont être lâchées dans la nature, et c'est un risque de concurrencer la végétation naturelle, ce qui engendrera l'appauvrissement de la capacité de produire et à s'améliorer, et s'adapter à des conditions climatiques changeantes ». Pouvons-nous protéger quelque chose qu'on ne connait pas ? Une question posée par Mehdi Bencharif, à laquelle Ali Chouaki a répondu que « nous devons faire un inventaire exhaustive (...) c'est un travail de dix ou quinze ans, mais commençons par ce que nous savons », a-t-il appelé. Imène AMOKRANE @ImeneAmokrane