La SG du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, passe aux grands déballages et révèle une discussion privée avec Abdelaziz Bouteflika sur le cas de l'ex-patron de la lutte antiterroriste au DRS, le général Hassan. C'est un véritable coup dur qu'a porté Louisa Hanoune, hier, lors d'une conférence de presse à Alger, à ce qu'elle n'hésite pas de nommer "pouvoir parallèle". Un pouvoir "obscur" qu'elle ne cesse de dénoncer mais à qui, cette fois-ci, elle reproche d'"avoir osé dicter le procès et la condamnation du général Hassan à cinq ans de prison ferme". Une condamnation qu'elle qualifie de "parodie abjecte, honteuse et scandaleuse". Pour la SG du PT, une chose est certaine ; la décision prononcée, ce jeudi, par le tribunal militaire d'Oran contre l'ex-chef de la lutte antiterroriste au DRS, pour infraction aux consignes générales de l'armée et destruction de documents, n'est pas l'œuvre du président de la République. "Non, ça ne peut pas être Abdelaziz Bouteflika. C'est impossible. Ce sont ceux qui ont accaparé sa parole et ses prérogatives", a-t-elle martelé. Et Louisa Hanoune semble avoir d'excellentes raisons pour être aussi affirmative. Pour preuve, elle révèle des confidences sur une discussion privée qu'elle a eue avec le président de la République début 2014, alors que le général Hassan tombait en disgrâce. "Le Président m'a dit que ce général est propre, honnête et patriote. Il a assuré que le dossier était définitivement classé", a-t-elle confessé. Pourquoi donc l'affaire est remise aujourd'hui sur la table et à quelles fins ? D'autant que la première dame du PT trouve "abject et honteux" que le "pouvoir parallèle" ait eu recours, ce jeudi, au tribunal militaire d'Oran, au témoignage d'un trafiquant pour accabler le général Hassan. Louisa Hanoune ne se retient plus, elle monte d'un cran et enchaîne : "Nous sommes face à la criminalisation du patriotisme, de l'abnégation et de la compétence, pendant que le pouvoir parallèle fait la promotion des voleurs et des bandits de grand chemin (...). Ce n'est pas seulement l'honneur du général Hassan qui a été souillé, mais aussi celui du peuple et de l'Etat algériens. Cette décision menace la colonne vertébrale du pays. Martyrs, réveillez-vous ! Abane Ramdane, Larbi Ben M'hidi, Hassiba Ben Bouali... ils sont en train d'assassiner l'Algérie, ils détruisent le pays, ils travaillent pour le retour des colonisateurs que vous avez chassés..." Beaucoup d'émotion dans la salle de conférences du siège du Parti des travailleurs. À peine elle reprend son souffle, que Louisa Hanoune revient à la charge : "Ce n'est pas le général Hassan qui a constitué une bande de malfaiteurs, mais c'est Chakib Khelil and Co. Je lance un appel à tous les patriotes du pays : empêchons-les de commettre l'irréparable, ce n'est pas encore trop tard." En qualifiant le général Hassan de "héros" et d'"icône" de la lutte antiterroriste, la SG du PT a rappelé que les services de renseignement algériens ont eu à délivrer des informations précieuses sur des menaces d'attentats terroristes en Occident, particulièrement aux Etats-Unis et en France. "Nos services ont déjà alerté les Américains, mais ils n'ont pas pris au sérieux des menaces qui se sont avérées réelles. Quant aux Français, ils veulent nous recoloniser, puisqu'ils se comportent comme des colons...", a-t-elle signifié. D'où, d'ailleurs, ses interrogations sur le pourquoi des déclarations du SG du RND, Ahmed Ouyahia, et néanmoins directeur de cabinet de la présidence de la République, sur une chaîne de télévision privée, par rapport à la redéfinition des tâches du DRS. Louisa Hanoune, qui a également cité le SG du FLN, Amar Saâdani, a conclu avec ce propos : "Ils sont en train de creuser leur propre tombe. Scie la branche sur laquelle ils sont assis. Il y a une boule de colère en nous. Nous allons la garder pour le moment opportun et je le crois proche... puisque nous commençons à être la remorque de la France." M.M.