Même si leurs points de vue ne convergent pas totalement sur la manière de combattre l'organisation terroriste de l'Etat islamique, Russes et Américains semblent toutefois d'accord sur la nécessité de l'étouffer financièrement. C'est ce qui ressort des tractations à l'ONU entre les représentants des deux pays, selon des diplomates qui indiquent que la Russie et les Etats-Unis travaillent au Conseil de sécurité sur de nouvelles résolutions à même de permettre d'atteindre cet objectif. Dans une déclaration à la presse, l'ambassadrice américaine Samantha Power a précisé que Washington voulait "consolider et rationaliser les efforts du Conseil sur le financement de l'EI", dont une précédente résolution datant de février dernier. La diplomate US a expliqué qu'il s'agit aussi de prendre "de nouvelles mesures pour rendre plus efficaces les sanctions" contre ceux qui aident Daech à se financer. L'ambassadrice américaine, dont le pays préside le Conseil de sécurité durant ce mois de décembre, espère faire aboutir cette initiative autour du 17 décembre. Elle a indiqué qu'elle est en train d'examiner un projet de résolution russe en ce sens reçu par Washington "à la fin de la semaine dernière". Dans cette optique, Samantha Power a souligné : "Une bonne partie des efforts de la Russie vis-à-vis de l'EI se concentre sur le financement et sur la nécessité d'empêcher l'EI de tirer des ressources des ventes de pétrole ou d'accéder aux marchés financiers internationaux." En d'autres termes, Américains et Russes visent le même objectif consistant à asphyxier financièrement l'Etat islamique, bien que jusque-là rien n'indique que les deux pays pourront se mettre d'accord sur un texte commun. Rappelant que le Conseil avait déjà adopté en février une résolution sanctionnant les individus ou entités qui financent Daech en lui achetant du pétrole ou des objets archéologiques volés en Syrie et en Irak, Samantha Power a estimé qu'"il est important que cette obligation légale soit transcrite dans les faits". Selon elle, il faudrait notamment "des échanges d'informations" entre services de renseignements. Même son de cloche chez l'ambassadeur russe Vitali Tchourkine, qui a déclaré à des journalistes que la Russie souhaitait "renforcer la résolution" de février. Il y a lieu de signaler que ce rapprochement russo-américain intervient au moment où le président Vladimir Poutine accuse le gouvernement turc de couvrir le trafic de brut organisé par l'organisation terroriste de l'Etat islamique depuis les puits que celui-ci contrôle en Syrie et en Irak, une accusation rejetée par Ankara. Il y a un an, des experts des Nations unies avaient estimé que les ventes de pétrole rapportaient entre 850 000 et 1,65 million de dollars par jour à Daech. C'est dire l'importance du tarissement des ressources financières de ce groupe terroriste, qui lui permettent de maintenir son hégémonie sur près de 300 000 km2 de territoires en Irak et en Syrie. M. T.