Très connu pour son dernier ouvrage La Terre, l'Âme et la Lumière, Belkacem Rabahi se lâche dans de profonds soliloques, dignes d'un écrivain racé et... rare de nos jours. C'est cela l'humilité. Candidat potentiel au prix de la francophonie qui se déroulera au mois de mars prochain au Maroc, de surcroît nominé par le jury, Belkacem Rabahi compte aller loin cette année pour étoffer son palmarès déjà riche par les titres acquis sous d'autres cieux. Rencontré sur les hauteurs d'Alger, le poète, nouvelliste et romancier, affiche un optimisme mesuré. "Je suis optimiste ! Ce concours organisé au Maroc, en association avec TV5 et une association de journalistes français basée à Paris, récompensera le meilleur écrit, que ce soit dans la poésie, la nouvelle, le roman ou toute création littéraire originale et qui apporterait une valeur ajoutée à la recherche, la fiction et la découverte. Oui, sincèrement, je suis optimiste pour figurer parmi les 15 lauréats qui monteront sur le podium, d'autant qu'il y a quinze Algériens qui prennent part à ce concours tant attendu", nous confiera M. Rabahi. Abordant la thématique choisie pour cette édition, notre interlocuteur révélera que "le monde virtuel et le monde réel seront au rendez-vous de la francophonie. Aujourd'hui, il faut l'avouer, les lecteurs sont totalement déconnectés de ce qui se passe sur terre. Facebook, cet épiphénomène, a réussi à arracher les lecteurs du monde réel. Le monde binaire nous a tellement asphyxiés que nous avons perdu nos repères ! Parfois, on dépasse nos limites au point d'oublier l'essentiel. Or l'homme a besoin de mettre les pieds sur terre et d'associer ses idées au réel. Cela ne veut pas dire que l'internet n'est pas une vertu, loin de là ! Mais on doit savoir que ce monde sans limites a ouvert des brèches vers un négativisme criant. Après, l'homme est né pour être tout près de la terre. Donc, il faut un retour à la terre. C'est primordial". Lauréat du concours international au Liban en 2009 où il avait été primé par les éditions Naman pour son livre Château de rêves, M. Rabahi se réjouit que ses cinq ouvrages, édités par la maison Edilivre de Paris, fassent encore le tour du monde. Sauf en Algérie où il n'a pas pu encore les éditer pour ses milliers de lecteurs et de fans assoiffés de nouveautés et de différences, surtout que ce génie de la plume est un polyglotte-né. "Tous les livres que vous voyez devant vous ne sont pas vendus en Algérie. J'aurais aimé ! Ils sont sur les étals en France, en Belgique et au Canada, pour ne citer que ces pays, sauf chez nous. J'ai fait une tentative quand j'ai édité un écrit chez nous. Mais, sincèrement, je ne suis pas encouragé pour éditer en Algérie. C'est très difficile. D'une part, on nous exige de déposer des écrits au ministère de tutelle pour avoir des subventions, de l'autre, on ignore ce qu'adviennent nos démarches. J'ai même écrit en arabe et j'ai déposé mes manuscrits dans des maisons d'édition, à l'Onda (Office national des droits d'auteur), mais on n'a jamais connu la suite !", regrette encore M. Rabahi. Très connu pour son dernier ouvrage La Terre, l'Âme et la Lumière où il s'est lâché dans de profonds soliloques, dignes d'un écrivain racé, M. Rabahi a également charmé ses lecteurs avec Rayon d'amour, Les morts d'une nuit dans un château, C'est dans le fond de l'obscurité qu'apparaît la lumière ou encore avec son essai sociologique Un choix qui ne veut plus venir. Né à Alger en 1959, M. Rabahi préfère souvent appeler à la sagesse à travers son leitmotiv pour conclure : "L'éclair et le bruit de la foudre se mêlent aux tirs d'armes d'obus de mortiers s'écrasant sur la terre à longueur de journée. Fumées et ruines, disparitions des paysages, changement de décor, tout devient sombre, les villes n'ont plus de nom, au moindre bruit nos jambes tremblent, se cassent, refusent de nous maintenir debout. Les voies et chemins sont barrés, embrasés, il ne reste plus qu'un monde recouvert par les flammes." FARID BELGACEM