Le premier secrétaire national du FFS, Ali Laskri, a qualifié, hier, de “grave” les projets examinés et endossés par le gouvernement concernant la dissolution des assemblées locales en Kabylie. “C'est un artifice juridique pour justifier le coup de force”, a estimé Laskri joint par téléphone. Selon le communiqué de l'Exécutif, la dissolution ne concernera, faut-il sans doute le préciser, que les deux wilayas de Kabylie, à savoir Béjaïa et Tizi Ouzou. “C'est une forme de particularisme, et c'est très grave”, a commenté le premier secrétaire du FFS dont le parti détient la majorité des sièges avec près de 800 élus. De son côté, le chargé à la communication, Karim Tabbou, a qualifié, dans des propos d'une rare virulence, la démarche de l'Exécutif “d'indigente”. “Le recours à un subterfuge de procédures et d'amendements d'articles de loi montre toute l'indigence du gouvernement, l'irresponsabilité de sa composition et l'infirmité politique du chef de l'Etat.” Selon lui, il y a même quelques “relents tribalistes” chez le gouvernement en ce sens que la dissolution ne vise que deux wilayas, alors que plusieurs communes dans d'autres wilayas accusent un déficit de représentativité. “Il est clair que l'entêtement et la persistance du Chef du gouvernement à vouloir relancer l'entreprise de dislocation de la Kabylie montrent l'attitude raciste et une démarche aux relents tribalistes du gouvernement”, a-t-il dit. Mais au-delà du propos, au FFS, on estime que la décision, désormais officielle de dissolution des assemblées locales, dissimule, à vrai dire, un enjeu de taille : celui de détourner le débat sur l'amnistie générale et, par ricochet, celui de la réconciliation nationale dont le chef de l'Etat vient d'en annoncer la tenue d'un référendum lors de son discours à l'occasion de la célébration de la fête de l'Indépendance. Pour Karim Tabbou, “vouloir à tout prix imposer une reconfiguration politique en usant de coups de force pour la dissolution des APC et des APW des seules régions de Béjaïa et Tizi Ouzou montre que la stratégie des décideurs consiste à organiser le désordre et à faire des points de fixation de type archaïque et géographique, dont la finalité est de détourner complètement le débat des questions politiques centrales, notamment l'auto-amnistie en relançant l'agitation politicienne en Kabylie”. D'ailleurs, il ne manque pas de faire un lien entre cette décision de l'Exécutif et la récente conférence organisée par le FFS au CIP sur l'amnistie et la réconciliation nationale. “C'est un châtiment contre la campagne que compte mener le FFS contre l'auto-amnistie et les velléités des décideurs à vouloir se donner l'impunité sur les crimes qu'ils avaient commis sur le peuple algérien”, a-t-il expliqué. Mais, au FFS, on se montre toutefois serein. Si pour Karim Tabbou le parti est “confiant”, Ali Laskri, lui, annonce qu'une réunion est prévue dans les prochains jours pour organiser la “riposte appropriée”. “Le pouvoir assumera les conséquences”, a-t-il déjà mis en garde. KARIM KEBIR