Les acteurs politiques et militaires libyens ont affiché leur déception au lendemain de la tenue du Sommet international sur la Libye à Vienne, en Autriche, a rapporté la presse locale. La déclaration finale de ce sommet a suscité une vive réaction du président de Tobrouk, Aqila Salah, au même titre que le général à la retraite Khalifa Haftar, chef de l'"opération al-Karama" à Benghazi, ou bien du cousin de l'ancien guide libyen Ahmed Addam Kadhafi. Pour ce dernier, "le Sommet de Vienne sur la Libye a tout abordé, sauf la crise en Libye", lit-on sur sa page officielle sur facebook. De son côté, le général et chef d'état-major de l'armée loyale au gouvernement parallèle de Tobrouk (anciennement reconnu par la communauté internationale) s'est dit non concerné par les questions politiques ou les actions du gouvernement d'union nationale de Fayez al-Serraj, estimant que son rôle à lui est purement militaire et que sa mission principale est de "sauver la Libye des terroristes", lit-on encore sur les sites d'information libyens. Si Aqila Salah n'a pas rejeté complètement le gouvernement d'union, il continue à exiger que la communauté internationale respecte le choix des Libyens. "Il faut adopter la nouvelle Constitution avant la mise en place et l'entrée en fonction du gouvernement d'union", actuellement installé dans une base navale à Tripoli, a réaffirmé le président du Parlement de Tobrouk. Pis encore, Aqila Salah estime que le Sommet de Vienne a accentué les divisions au sein des parties libyennes, accusant Fayez al-Serraj d'avoir "une vision militaire qui fait peur". Selon la déclaration finale du Sommet de Vienne, le département de la défense reste dans le giron du Conseil présidentiel que préside le même Fayez al-Serraj. Lui-même avait insisté pour que ce poste sensible soit sous l'autorité du Conseil présidentiel, en raison des luttes engagées entre les différentes parties impliquées dans la crise à prendre son contrôle. Cela permet aussi à l'ONU d'alléger son embargo sur les armes en Libye, en vigueur depuis la chute de l'ancien régime de Tripoli fin 2011. Dans ce contexte explosif, Rome et Tripoli envisagent de réactiver un accord conclu en 2008, en vertu duquel Rome avait promis des milliards de dollars d'investissements en échange de contrats énergétiques et d'un contrôle de l'immigration clandestine s'effectuant à partir de l'Afrique du Nord, a déclaré le ministère italien des Affaires étrangères, repris par les agences de presse. Un vœu qui peut être contrarié par l'aggravation des divisions entre les Libyens et la menace terroriste de Daech et des autres groupes terroristes actifs dans ce pays. L. M.