À ce jour, plus de 250 personnes ont été auditionnées par la Gendarmerie nationale. Des directeurs de l'éducation de certaines wilayas ont également été entendus, alors que la présentation des mis en cause devant les tribunaux est attendue dans les prochains jours. L'enquête que mène la Section de recherches de la Gendarmerie nationale (SRGN) de Bab Djedid (Alger) sur la fuite des sujets du baccalauréat a révélé de graves dysfonctionnements au sein de l'Office national des examens et des concours (Onec) et des Directions de l'éducation de certaines wilayas. Raison pour laquelle le ministère de la Justice a ordonné l'ouverture des informations judiciaires au sein de plusieurs wilayas du pays, et ce, avant que le commandement de la Gendarmerie nationale n'eut instruit les 48 groupements territoriaux pour auditionner des responsables du secteur à l'échelle locale, dont des directeurs de l'éducation de wilayas et des chefs de centre d'examen où des dizaines de suspects ont été pistés sur leur adresse IP (Internet Protocol). Orchestrée à partir de l'Onec, où trois cadres ont été arrêtés avec cinq autres complices, la fuite des sujets du bac n'a pas révélé tous ses secrets, d'autant que les gendarmes soupçonnent des anomalies dans l'ensemble du processus de préparation et du déroulement du bac. Du coup, des directeurs de wilaya, au même titre que des chefs de centre sont, eux aussi, concernés par cette enquête. Les auditions ont déjà commencé et les premières révélations ne tarderont pas à tomber. De son côté, le Centre de prévention et de lutte contre la criminalité informatique et cybercriminalité de la GN (CPLCIC), basé à Bir-Mourad-Raïs, poursuit l'exploitation des données et les perquisitions électroniques, y compris les appels téléphoniques émis et reçus avant, pendant et après la période des examens du bac. Quant aux comptes facebook d'où sont émis les sujets, les experts du CPLCIC-GN sont arrivés à récupérer les données effacées par certains mis en cause sur leur ordinateur et leur smartphone. Ainsi, il a été bel et bien établi que les propriétaires de ces outils informatiques ont volontairement organisé les plateformes d'échanges et de partages des sujets du bac et avoir obéi à un réseau organisé de malfaiteurs qui avait préparé cette mascarade plusieurs semaines avant les épreuves du baccalauréat. Les magistrats qui supervisent cette grande enquête ont, quant à eux, pris acte des aveux de culpabilité des individus auditionnés, mais aussi des traces électroniques découvertes sur les machines (PC, smartphones et tablettes) des dizaines de personnes impliquées directement dans ce scandale. À ce jour, ce sont plus de 250 personnes qui ont été auditionnées dans le cadre des investigations qui, au demeurant, mèneront les gendarmes sur d'autres pistes. Pour le moment, les enquêteurs s'attellent à finaliser les auditions des principaux mis en cause afin d'entamer les présentations devant les procureurs de la République dans les jours à venir. Notamment des commanditaires de ces fuites qui risquent de lourdes peines pour abus de confiance, fuite organisée des sujets, violation du secret professionnel, trahison et atteinte à la sécurité publique. FARID BELGACEM