Les quatre mis en cause dans l'affaire des fuites des sujets du baccalauréat 2016, tous employés et cadres à l'Office national des examens et des concours (Onec), ont été placés sous mandat de dépôt par le procureur de la République près le tribunal de Sidi-M'hamed devant lequel ils ont été présentés jeudi. Ils sont notamment accusés de "mauvaise utilisation de la fonction", "violation de secrets" et "implication des fonctionnaires", et ce, après que les faits qui leurs sont reprochés soient dûment établis par la Section de recherches de la Gendarmerie nationale (SRGN) de Bab Djedid (Alger), en coordination avec le Centre de prévention et de lutte contre la criminalité informatique et cybercriminalité (CPLCIC-GN), basé à Bir-Mourad-Raïs, et l'Institut national de criminologie et de criminalistique (INCC-GN) de Bouchaoui. La collaboration étroite des trois structures des services de sécurité a permis de présenter à la justice des preuves matérielles et irréfutables sur l'implication directe des mis en cause dans ce scandale qui a mis en émoi, voire jeté l'effroi, chez plus de 820 000 candidats au bac. Selon le procureur de la République, Khaled El-Bey, en charge de cette affaire, l'exploitation des caméras de surveillance au sein de l'Onec et de l'imprimerie, mais aussi d'un appareil photo, d'un PC portable, d'un smartphone et d'un disque dur externe (DDE) d'une grande capacité (jusqu'à 500 Go) ont permis d'établir des preuves, sans lesquelles les mis en cause seraient encore dans la nature. Selon l'enquête judiciaire de la SRGN et les arguments avancés par la justice, les quatre principaux commanditaires avaient même utilisé un appareil électronique magnétique durant leur présence dans l'enceinte de l'Onec au moment de la fuite des sujets. Comme annoncé dans nos précédentes éditions, le procureur a également révélé que l'exploitation des caméras de surveillance au sein de l'imprimerie a montré "des mouvements suspects d'individus" dans l'enceinte de cette institution, non sans préciser que l'enquête a été déclenchée, dès le départ, à partir de l'annexe de l'Onec de Kouba. Khaled El-Bey a inculpé ces quatre individus, en révélant que des membres de la commission de lecture et de correction ont commis des infractions contraires aux dispositions prévues par la loi pour sécuriser les sujets, comme la possession des appareils électroniques prohibées. Aussi, le représentant du ministère public a indiqué que "l'enquête se poursuivra pour faire toute la lumière sur cette affaire". Rappelons qu'il est question aussi de personnes qui ont créé près de 200 plateformes de partage et d'échange des sujets du bac sur facebook et de personnes qui ont tenté d'effacer les traces sur leurs outils techniques et, par ricochet, de dissimuler les preuves tangibles afin de brouiller les pistes aux enquêteurs. Au niveau des autres wilayas, l'enquête progresse sensiblement et les auditions se poursuivent sous l'égide des magistrats désignés par le ministère de la Justice. Du reste, les ISTN (interdiction de quitter le territoire national) délivrées à l'encontre de plusieurs personnes soupçonnées ou impliquées sont maintenues jusqu'à ce que l'instruction s'achève. FARID BELGACEM