Les anciens occupants de ce marché ont préféré quitter les lieux pour se soustraire aux frais de location des stands, aux dépenses du fisc et aux charges, pour devenir vendeurs à la sauvette. Construit durant l'occupation coloniale, patrimoine communal, le marché couvert Ahcène-Harcha, implanté au centre-ville, a toujours accueilli des générations de Guelmis qui privilégiaient ce centre commercial où tout était disponible. D'aucuns conservent des souvenirs indélébiles de ce marché qui était le passage obligé des autochtones qui le ralliaient quotidiennement pour faire leurs emplettes dans un climat convivial, car des liens d'amitié s'étaient tissés entre les clients et les vendeurs. Un septuagénaire nous confie : "Durant les premières années de l'indépendance, ce marché couvert regorgeait de fruits, de légumes, de volailles de ferme, de viandes de chevreau, d'agneau, de veau, de produits de la mer, de la campagne, et chacun faisait ses achats en toute quiétude. Les commerçants nous hélaient en vantant leurs produits et nous servaient avec le sourire ! Nous rentrions à la maison le couffin rempli de produits frais acquis à des prix compétitifs. Je me souviens parfaitement des paysans qui venaient vendre leurs volailles, leurs lapins, leurs œufs frais, leur lait, leur beurre, leur miel, leur petit-lait dans des outres en peau de chèvre et de ces vendeurs de coriandre, persil, céleri, laurier, menthe, radis, laitue, etc. C'était le bon temps !" Durant le mois sacré de Ramadhan, ce centre commercial grouillait de monde, car chacun y trouvait son compte et repartait ravi de la qualité et du coût des emplettes effectuées. Ces bonnes habitudes ont disparu, car le commerce informel a imposé sa loi aux marchands patentés qui ont déserté les marchés de la ville. À titre illustratif, le marché Ahcène-Harcha, qui avait fait l'objet il y a quelques années d'un lifting de quelques centaines de millions de centimes initié par la municipalité, a périclité dans l'indifférence totale des responsables locaux. Il est désespérément fermé et aucun commerçant n'a voulu rallier les dizaines de stalles et stands restés vides ! À la faveur d'une petite enquête, nous avons appris que les anciens occupants ont préféré quitter les lieux pour se soustraire aux frais de location des stands, aux dépenses du fisc, des frais de charges. Ils sont devenus vendeurs à la sauvette dans des sites populeux et d'autres se sont installés au grand marché du Volontariat qui draine des milliers de clients. Le marché emblématique du centre-ville si cher aux Guelmis s'éteint tout doucement. C'est la rançon du progrès ! Seules quelques échoppes sises aux alentours continuent vaille que vaille d'offrir leurs services aux nostalgiques. HAMID BAALI