Les organisateurs de la "Nuit du livre" donnent rendez-vous aux amoureux du livre samedi 25 juin. La date n'a pas été choisie au hasard par les animateurs de Bruit des mots : c'est le triste anniversaire de l'assassinat du chantre de l'amazighité, Matoub Lounès. Cet hommage survient après celui rendu, samedi dernier, à feu Youcef Sebti, le poète assassiné. Les amoureux du livre dont des poètes et des écrivains en herbe mais aussi des animateurs associatifs, des militants politiques, des citoyens lambda étaient au rendez-vous en cette nuit, un peu fraîche, et pour clamer des poèmes en berbère, en français, en arabe mais aussi pour écouter. La place de la liberté d'expression Saïd-Mekbel se prêtait à merveille pour ce genre d'activité. D'ailleurs, le vœu des journalistes, des militants politiques et associatifs, qui avaient porté le projet de cette place. Non seulement les financements de cette place devaient être publics – une reconnaissance de l'Etat, le lieu se voulait un espace de débat mais aussi un cercle des poètes, passés et à venir. Cependant, le prochain rendez-vous, dédié à Matoub Lounès, la Nuit du livre sera délocalisé à l'esplanade de la Maison de la Culture. Mais la cérémonie sera tenue devant la grande bougie, érigée par l'APC de Béjaïa et son maire de l'époque Rachid Chabati, en mémoire aux victimes et blessés d'octobre 1988. C'était un engagement du Front des forces socialistes. La promesse a été tenue même si beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Pourquoi avoir délocalisé l'activité ? Pour la bonne et simple raison que la place Saïd-Mekbel a été retenue par le comité des fêtes de la commune de Béjaïa, qui organisera un hommage à Matoub Lounès, qui entre dans le cadre de la commémoration officielle du poète assassiné le 25 juin 1998. Un tragique événement suivi par des émeutes dans toute la Kabylie. À Béjaïa, plus précisément dans la commune de Tazmalt, deux jeunes y perdront la vie à la fleur de l'âge. La colère juvénile sera canalisée par le mouvement politique qu'ont suscité les violentes émeutes. Au nom du Forum des rebelles, des marches populaires, des grèves, des meetings y seront organisés durant plusieurs semaines d'affilée. Mais l'expérience ne sera que de courte durée. Cependant, le gros des animateurs du Forum des rebelles sera au rendez-vous trois années plus tard lorsqu'éclateront les tragiques événements de Kabylie d'avril 2001. Parmi ses principaux animateurs : Mohand Saddek Akrour, Badreddine Djahnine, Louhab Khoulalène, Fatah Chahir, Azzeddine Belaïd, etc. S'il est vrai que la plupart des animateurs cités sont des militants de l'extrême gauche, PST notamment, et de l'ancien PAGS, les militants et sympathisants du FFS et du RCD n'étaient pas en reste. Ils étaient présents sur le terrain au même titre que des militants des droits de l'homme, des artistes de la région, à l'instar de Boudjema Agraw, Boualem Ber, Amour Abdenour, etc., mais aussi des comédiens du théâtre et des membres de la société civile. Tout ce beau monde devrait être présent samedi soir pour rendre un hommage populaire à celui qui était, sa vie durant, un homme du peuple, proche des humbles et militant de toutes les causes justes. L'hommage au chantre de l'amazighité ne dispense pas les présents d'échanger des livres. Samedi soir ne sera pas la nuit infinie mais une nuit dédiée aux livres. M. Ouyougoute