Résumé : M'hamed se réveille en salle de réanimation. Une voix lui parlait. C'était Meriem. Cette dernière savait tout, puisqu'avant son admission au bloc opératoire, Taos lui avait confié son secret. Elle l'embrasse sur le front. -Repose-toi mon fils. Je reviendrai bientôt prendre de tes nouvelles. Taos geignait. On lui avait attaché les bras aux barreaux de son lit afin de lui éviter des "acrobaties" qui pourraient lui provoquer des douleurs. Malgré cela, elle avait mal. Si mal qu'elle n'arrivait plus à respirer. Elle avait mis ses poumons à rude épreuve dès son transfert dans sa chambre pour crier toute sa souffrance. On lui avait administré des sédatifs et elle s'était endormie, mais pas pour longtemps. À son âge, une intervention aussi lourde que celle qu'elle venait de subir ne pouvait qu'avoir quelques conséquences et non des moindres. Cependant, les médecins étaient plus qu'optimistes. Son état s'améliorait. Son nouveau rein, jeune et plein de santé, s'adaptait à son corps et commençait à fonctionner. Néanmoins, comme on craignait toujours un rejet, la patiente devait être maintenue en observation durant quelques semaines. Un passage obligatoire dans son état, mais on pouvait déjà respirer d'aise, car durant les trois jours qui avaient suivi l'intervention, on n'avait noté aucun signe inquiétant. M'hamed commençait à récupérer. Ses douleurs s'étaient apaisées, et il avait pu avaler les quelques cuillères de soupe que sa mère lui avait préparée. Meriem passait le voir plusieurs fois par jour. Il n'avait pas encore eu l'occasion de discuter avec elle, mais appréciait ses gestes et ressentait son amour et sa tendresse. Ce qui le faisait pleurer dès qu'elle avait le dos tourné. Que va-t-il donc devenir ?, se demandait-il alors qu'il n'y avait pas longtemps son souhait le plus cher était de retrouver sa mère. Elle était là devant lui et le faisait manger, le lavait, l'aidait à s'asseoir un peu lorsque ses douleurs ne le gênaient pas trop dans ses mouvements, et revenait chaque soir le border. Il n'avait encore rien dit, rien prononcé. Il s'était contenté de suivre ses gestes et d'acquiescer sans protester. Après tout, elle était sa mère et le comprenait. Oui, c'était ça, elle le comprenait et le maternait comme personne ne l'avait fait depuis longtemps. Depuis sa tendre enfance exactement. Il repense à ses parents. Tahar et Yamina l'avaient élevé et s'étaient bien occupés de lui, mais ils avaient eu d'autres enfants et l'avaient un peu délaissé, en particulier ces dernières années. Cependant, ils étaient les seuls parents qu'il avait eus et n'avait jamais douté de leur bonne volonté à son égard jusqu'au jour où il avait entendu son père parler d'héritage et de succession ! -Voilà, c'est fini ! Meriem s'était levée et avait déposé l'assiette de soupe vide sur la table de nuit. Elle lui essuie la bouche et le fait boire avec une paille. -Tu as bien mangé ce soir M'hamed. Si tu continues ainsi, dans quelques jours tu seras sur pied, et ton intervention ne sera plus qu'un mauvais souvenir. Elle sourit. -Une fois à la maison, je te concocterai de succulents plats qui te permettront de récupérer très rapidement. Il hoche la tête et lance sans trop réfléchir. -Merci. Merci madame. Elle affiche une moue. -Madame ! Tu m'appelles madame ? Je suis ta mère, M'hamed ! Tu le sais bien, n'est-ce pas ? Un peu confus, il déglutit. -Oui. Je le sais. Je suis désolé. Comment pourrais-je t'appeler ? Meriem fronce les sourcils. -Voyons, ne sois pas ridicule. Appelle-moi maman. Il se sentit rougir jusqu'à la racine des cheveux. Il avait tellement rêvé de ce moment qu'il avait cru qu'il n'allait jamais arriver. Et pourtant ! -Merci. Merci maman. (À suivre) Y. H.