Résumé : Taos devrait prendre des gants pour annoncer à Meriem que son fils qu'elle croyait mort depuis des années était encore vivant et la réclamait. Dans l'intervalle, elle demande à M'hamed de ne plus revenir à la maison. Comment fera-t-il pour la contacter ? La vieille dame met un doigt sur ses lèvres. -Chut ! Une fois les confidences entamées, je sais que Meriem ne va pas hésiter à partir à ta recherche et saura sûrement où te retrouver. Mais le chemin est encore épineux et je dois prendre mon mal en patience pour la préparer. M'hamed se lève. -Je te remercie du fond du cœur khalti Taos. -Je te réitère d'être bien vigilant dorénavant, et de ne pas en toucher un mot sur cette affaire à qui que ce soit. -Pas de souci de ce côté-là. Je suis assez blasé pour m'amuser à m'encombrer d'autres ennuis. -Bien, mon fils. Que Dieu nous vienne en aide et guide nos pas vers ce qui est le mieux pour nous tous. Elle se lève pour l'accompagner, mais une douleur fulgurante traverse son dos. Elle pousse un cri et s'effondre. Le jeune homme eut juste le réflexe de la retenir, alors qu'elle s'affalait sur le sol. Il s'affole un peu en remarquant que la vieille femme venait de perdre connaissance. Mais il reprend vite ses esprits et tend sa main pour prendre un verre d'eau sur la table et lui en asperger le visage. Elle ouvre les yeux et le regarde, puis tente de se remettre sur pied. Une autre douleur se manifeste. Elle pousse encore un cri, mais cette fois-ci elle tient bon. M'hamed l'aide à s'asseoir sur une chaise et lui fait boire quelques gorgées d'eau. Elle reprend son souffle et porte la main à ses reins. On dirait que la crise est passée. Mais M'hamed secoue la tête. -Khalti Taos, tu es malade. Tu ne devrais pas rester seule à la maison. Elle tente d'articuler quelque chose, les mots refusaient de sortir de sa bouche. Faisant alors fi de ses protestations, M'hamed l'entraîne vers sa chambre et la met au lit avant d'appeler une ambulance. Taos est évacuée aux urgences de l'hôpital le plus proche. Le jeune garçon l'accompagne et ne la quitte pas d'une semelle. Elle garde sa main dans la sienne comme pour se donner du courage et attend patiemment que le médecin fasse son diagnostic. Ce dernier, après l'avoir auscultée, demande des analyses et des radios. Un infirmier se propose pour les prélèvements. Puis il demande à M'hamed de pousser le chariot jusqu'au fond du couloir où se trouvait le service de radiologie. Taos gémissait. On venait de lui administrer pourtant un sédatif. Une fois les radios effectuées, on oriente la patiente vers une chambre. Taos est hospitalisée. Le médecin revient et lui prend le pouls, puis jette un coup d'œil aux clichés des radios. Il hoche la tête et jette un regard qui n'augurait rien de bon à M'hamed avant de demander. -C'est votre maman ? -Non. Non, répond ce dernier la gorge nouée. Mais c'est tout comme. Qu'y a-t-il docteur ? Le médecin soupire. -Je ne sais pas qui vous êtes au juste, mais je dois parler à quelqu'un de la famille. De sa famille proche. M'hamed déglutit. -Oui. Je comprends. Mais dites-moi au moins de quoi elle souffre, je pourrais ensuite avertir les autres. Le toubib se gratte la tête et lui fait signe de le suivre dans le couloir avant de lancer. -Cette vieille a un sérieux problème de reins. L'un est bloqué et l'autre n'en a plus pour longtemps. Dans l'immédiat nous pourrions la dialyser, mais à long terme, elle ne pourra pas supporter. Elle est trop âgée pour les pénibles séances d'hémodialyse. M'hamed déglutit avant de dire. -Elle avait pourtant l'air en forme ces derniers temps. -Peut-être. Mais à mon avis, elle souffrait en silence pour ne pas alarmer son entourage. Ces femmes de la vieille branche ne montrent jamais leur faiblesse. Il met la main sur son épaule. -Nous allons garder cette bonne femme ici à l'hôpital pour quelques jours. Les résultats des analyses nous renseigneront davantage sur son état. Il est donc primordial que la famille le sache. Je vous suggère d'aller les informer immédiatement. (À suivre) Y. H.