Tayeb Louh, répondant, jeudi dernier, à une question orale à l'Assemblée populaire nationale, a affirmé que, s'agissant des affaires de corruption, la justice est prête à s'en saisir pour peu que les personnes possédant des dossiers y recourent. "Les portes des parquets sont ouvertes", a répliqué le ministre au député qui l'interrogeait justement sur le comportement de la justice face à la corruption. Tayeb Louh a souligné que les parquets sont à la disposition de quiconque possédant un dossier sur la corruption, expliquant que cela aiderait "la justice et la société à la combattre". Il a rappelé que "le code de procédure pénale est clair sur le rôle des parquets dans la lutte contre la corruption". Le ministre de la Justice, qui ne peut qu'être interpellé par les dénonciations de malversations de ces derniers temps, s'est gardé d'expliquer pourquoi les parquets ne s'autosaisissent pas lorsque des commis de l'Etat, des ministres par exemple, pointent des malversations ou que lorsque des alertes sont données à travers des enquêtes documentées publiées dans la presse. Le cas de l'importateur qui est parvenu à faire sortir sa marchandise du port d'Alger, malgré le refus d'autorisation que l'administration de Bakhti Belaïb lui a dûment opposé, est assez édifiant quant à l'absence de réaction de la justice. Surtout que le cas a été dénoncé, et publiquement de surcroît, par un membre du gouvernement, le ministre du Commerce en l'occurrence. Le ministre, qui ne semble pas avoir jugé nécessaire de déposer plainte, a fourni l'essentiel du détail qui devait permettre à la justice de s'autosaisir. Et, avant cette sortie de Belaïb, un autre ministre, celui du Tourisme, avait donné, lui aussi, de quoi mettre en branle la justice. Abdelwahab Nouri avait, rappelons-le, confirmé le scandale déjà connu de Dounia Parc. Appelé à commenter cette déclaration, Tayeb Louh avait suggéré à Nouri de saisir la justice. Il ne sera pas entendu par son collègue du Tourisme. Soit, mais ne s'en est pas autosaisi pour autant. Maintes fois soulevés, des dossiers relatifs aux malversations et à la corruption n'aboutissent pas systématiquement devant la justice, quoique, pour reprendre le ministre de la Justice, les parquets restent grands ouverts. Mais, à l'évidence, cela ne suffit pas à décider les détenteurs de dossiers à porter plainte. Il manque des gages d'indépendance de la justice pour encourager le dépôt de plainte. M. M.