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Me Salah Dabouz : "Le juge d'instruction doit les auditionner" Déclaration d'Amar Saâdani sur l'implication du général Toufik dans les événements de Ghardaïa
Les récentes déclarations du secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, accusant publiquement le général-major à la retraite, Mohamed Médiène, dit Toufik, d'être l'instigateur, entre autres, des événements qui ont secoué la vallée du M'zab, n'ont pas laissé de marbre l'avocat des détenus de Ghardaïa, Me Salah Dabouz. Ainsi, l'avocat et président de la Laddh a introduit une demande auprès du juge d'instruction pour auditionner le SG du FLN et l'ex-chef du DRS. Contacté par Liberté, Me Dabouz a estimé que Saâdani a fait cette déclaration "après une longue réflexion et sans être soumis à une quelconque pression". Cela dit, l'avocat considère que le SG du FLN pouvait bien se passer d'une telle déclaration, qui "concorde parfaitement", a-t-il précisé, "avec ce qu'avaient dénoncé les détenus d'opinion de Ghardaïa", mais aussi, "avec ce que je subis comme pression depuis que j'ai dénoncé les abus". Me Dabouz est convaincu que sa demande d'auditionner Saâdani et Médiène "est logique". Elle l'est d'autant plus que même Ahmed Ouyahia, SG du RND, a fait l'objet d'une même demande après ses déclarations accusant des jeunes Ghardaouis de percevoir de l'argent pour mettre le feu dans la vallée. Si la demande d'auditionner Ouyahia attend toujours une réponse de la part de l'institution judiciaire, Me Dabouz estime que légalement "le juge a le pouvoir d'estimer si cette demande est productive". L'avocat ne perd pas de vue que sur le plan moral, lorsqu'on est confronté à ce genre de déclarations faites par des hauts cadres de l'Etat, "la justice doit bouger". Elle a la responsabilité d'agir afin de faire la lumière sur des événements qui ont coûté, pour rappel, la vie à plus d'une cinquantaine de citoyens, avec son lot de blessés et de dégâts matériels. Dans le cas contraire, selon Me Dabouz, "le juge est, soit, soumis à des pressions, soit il est complice". Dans ces deux cas de figure, l'avocat propose qu'on dessaisisse le juge de ce dossier pour en faire une affaire relevant de la Cour suprême. Me Dabouz a rappelé que dans le cadre de ces événements "des activistes politiques de l'opposition qui dénonçaient la passivité des services de sécurité, sinon leur implication directe dans les événements, ont été arrêtés". L'avocat souligne que "les détenus d'opinion" dénonçaient, au fait, "le double rôle des services de sécurité" qui "protégeaient des bandes d'encagoulés qu'on n'arrive toujours pas à identifier et participaient parfois à des agressions". "Ces activistes, a-t-il enchaîné, dénonçaient avec preuves à l'appui ce comportement des services de sécurité", mais "ils se retrouvent incarcérés avec la complicité de la justice" qui les a accusés "d'être derrière ces événements". L'avocat rappelle, par ailleurs, que le wali de Ghardaïa avait déclaré que "c'était lui qui prenait des décisions et que le juge les appliquait". Le même wali, rappelle encore Me Dabouz, avait ajouté que "toutes les décisions prises par le wali ont eu l'aval de sa hiérarchie". À analyser les déclarations du wali, "c'est tout le gouvernement qui est complice dans les événements", déduit l'avocat, appelant, "l'Etat algérien à intervenir pour régler tous les dérapages qu'a connus Ghardaïa". Pour l'avocat, seule "une commission d'enquête crédible" pourra faire la lumière sur tous les événements qui ont secoué plusieurs régions du Sud, à savoir Ghardaïa, Ouargla, In Salah... Mohamed Mouloudj