La décision d'aller vers une grève n'a fait réagir que le secteur de l'Education nationale, dont la ministre, Nouria Benghabrit, a tenté, en vain, de désamorcer ce débrayage. Inévitablement, le gouvernement Sellal fera face aujourd'hui au plus grand mouvement social enregistré depuis bien des années : écoles, hôpitaux et administrations publiques, APC, finances et transport observeront une grève nationale de deux jours à l'appel de l'intersyndicale autonome, pour protester contre la suppression de la retraite anticipée. La décision de la tripartite (gouvernement-patronat et Ugta), laquelle a été entérinée en Conseil des ministres, a fait se liguer contre elle 17 syndicats autonomes représentants divers secteurs, qui revendiquent principalement "l'annulation de la décision portant suppression de la retraite proportionnelle et la retraite sans condition d'âge, la participation des syndicats autonomes dans l'élaboration du nouveau code du travail et la protection du pouvoir d'achat de tous les travailleurs et des fonctionnaires, notamment ceux à bas revenus". Côté gouvernement, la décision d'aller vers une grève n'a fait réagir que le secteur de l'éducation nationale, dont la ministre, Nouria Benghabrit, a tenté, en vain, de désamorcer ce débrayage. En ce sens, elle a organisé deux réunions d'information avec ses partenaires sociaux en appelant à sa rescousse le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed El-Ghazi. Mais la rencontre s'est avérée infructueuse pour avoir été boycottée par six syndicats représentatifs du secteur. En définitive, cette tripartite n'a eu pour seul effet immédiat que de diviser les rangs des partenaires sociaux, puisque certains syndicats, y compris ceux qui sont pourtant signataires de l'appel à la grève, à l'instar du Snte, ont pris part à cette réunion, aux côtés des syndicats affiliés à l'Ugta, d'une aile du Snapap et des associations de parents d'élèves. Mettant à profit cette tribune, la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghabrit, a appelé les syndicats du secteur "à faire preuve de responsabilité et à préserver la scolarité des élèves", d'autant plus que l'objet du mouvement de protestation auquel a appelé le groupement des syndicats autonomes "ne concerne pas les questions pédagogiques". Hier encore, elle a réitéré son appel aux syndicats pour renoncer à la grève de deux jours. "Je leur demande de faire preuve d'esprit de responsabilité et de placer l'intérêt des élèves au-dessus de toutes considérations", a-t-elle déclaré en substance. "Les portes du dialogue avec les syndicats restent ouvertes", a-t-elle indiqué, déplorant que six syndicats aient boycotté samedi dernier une rencontre d'information sur le dossier de la retraite anticipée organisée à la demande des organisations syndicales et à laquelle a assisté le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed El-Ghazi. Elle a ajouté que son département a tenu à dissocier cet atelier de travail de la rencontre que les syndicats ont demandée au sujet du mouvement de grève, soulignant que ces syndicats étaient présents à la réunion de samedi. Lors de cette réunion, un débat a été ouvert avec les syndicats qui avaient déposé un préavis de grève, a précisé la ministre, affirmant que l'annulation de la clause instituant la retraite anticipée "n'est pas l'affaire du secteur de l'Education mais de tout le gouvernement". Le projet de loi passera devant l'Assemblée populaire nationale et sera soumis au vote des députés, a-t-elle ajouté. Pour sa part, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Tahar Hadjar, a rencontré les partenaires sociaux de son secteur. Néanmoins, le syndicat des enseignants du supérieur (Cnes), qui est partie prenante de l'appel à la grève, était absent. À même démarche, même résultat. Aucune information n'a filtré au sujet d'un éventuel renoncement à la grève lancée par les 17 syndicats autonomes qui, souligne-t-on, réclament des "négociations avec les détenteurs du pouvoir de décision". Amar R.