Les déclarations du ministre du Travail, qui a accusé les syndicats autonomes, tantôt de vouloir tromper l'opinion publique, tantôt de présenter "des arguments fallacieux", n'augurent aucune probable réponse positive du gouvernement aux revendications soulevées. La grève de l'intersyndicale autonome de la Fonction publique s'est poursuivie hier pour la seconde journée consécutive. Elle a enregistré, comme durant le premier jour, une forte adhésion des travailleurs des secteurs de l'éducation, de la santé et de l'administration. Selon le communiqué émanant de sa cellule de suivi mise en place par l'intersyndicale, la grève a enregistré un taux de suivi de l'ordre de 75% au niveau de l'administration publique (Safap), précisément chez les fonctionnaires des communes, de 35% chez les enseignents du supérieur et 65% chez les fonctionnaires de la santé. Dans le secteur de l'éducation, le taux de suivi a été de 75,30% pour les fonctionnaires, tous corps confondus. La grève a été suivie à hauteur de 74% par les médecins praticiens (santé publique), 85,5% par les vétérinaires (agriculture) et 52% par les fonctionnaires de la formation professionnelle. Ceci alors que le ministère de la Formation professionnelle parle d'un taux de suivi quasiment insignifiant. Ainsi, pour la première journée de grève, il a fait état d'un taux de suivi global ne dépassant pas les 0,72%. Selon les statistiques du ministère, la grève a été ressentie dans deux wilayas seulement : Béjaïa (7%) et Tindouf (27,72%). L'intersyndicale a relevé qu'à son deuxième jour, la grève de "la résistance et de la dignité" a connu "une très forte adhésion des travailleurs dans plusieurs secteurs". Elle a tenu, ce disant, à dénoncer "les déclarations provocatrices et irresponsables de la part d'un membre du gouvernement", en citant le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale. L'intersyndicale reproche à Mohamed El-Ghazi d'avoir proféré un torrent d'accusations à l'encontre des syndicats indépendants, principalement de "manœuvre, de confusion et de collusion avec des partis politiques, en vue de tromper l'opinion publique sur la réforme du système de la retraite", ceci en plus des intimidations et menaces de licenciement arbitraire et l'arrestation, comme cela a eu lieu dans la wilaya de Tiaret. Les syndicats autonomes de divers secteurs ont réitéré leur "attachement à la plateforme des revendications telle que présentée dans le préavis de grève" et souligné leur "détermination à poursuivre la lutte", en se disant "prêts à durcir leur mouvement par tous les moyens légaux pour défendre les acquis des travailleurs". Ces chiffres sur le taux de suivi de la grève, communiqués par l'intersyndicale, tient-on à noter, sont sans commune mesure avec ceux divulgués par la ministre de l'Education, par exemple, qui avait situé à 19% seulement le taux de suivi de la grève au premier jour, alors que l'intersyndicale avait estimé à 75,30% ce taux dans le même secteur de l'éducation. Cela étant, la réaction de l'intersyndicale aux déclarations du ministre du Travail, qui a accusé les syndicats autonomes tantôt de vouloir tromper l'opinion publique, tantôt de présenter "des arguments fallacieux", n'augure aucune probable réponse positive du gouvernement aux revendications soulevées. La menace du ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, lundi dernier, de saisir la justice pour statuer sur la légalité de la grève enclenchée par les praticiens de la santé publique, est venue corser le conflit et achever ainsi toute illusion de règlement de cette crise promise à une escalade dans un proche avenir. AMAR RAFA