Le Plan national anti-cancer piloté par le Pr Zitouni connaît déjà ses premiers couacs en raison de la bureaucratie alors que le cancer, rien que celui du sein emporte une dizaine de femmes par jour. Le professeur Zitouni, président du Plan national de lutte contre le cancer (Pnac), a indiqué, hier, que "cette bureaucratie paralysante" a causé un retard dans la mise en œuvre du Plan anti-cancer. Sans entrer dans les détails, le professeur évoque aussi d'autres programmes qui entrent dans ce plan et qui connaissent aussi du retard dans leur application. Il cite, par exemple, le programme de la radiothérapie qui devait couvrir l'ensemble des établissements spécialisés dans la lutte contre le cancer à travers l'acquisition des équipements par le ministère de la Santé et qui n'a pas été faite à ce jour. Ainsi que le plan de lutte contre les maladies non transmissibles dont le cancer. "Malheureusement, ce plan a connu beaucoup de retard et on ne connaît pas les résultats de son action sur le terrain", a-t-il déclaré lors des 1res Journées médico-chirurgicales sur le cancer du sein, organisées par le Centre anti-cancer de Blida. Selon le Pr Zitouni, le plan cancer entre dans la phase d'application. Selon lui, "c'est une étape cruciale, mais ça ne veut pas dire difficile ou impossible, car les professionnels sont assurés de la pleine disponibilité des autorités qui avaient adopté le Plan cancer avec un budget de plus de 200 milliards de dinars". Ce dernier a annoncé que le lancement du Pnac a été précédé par la mise en place de tous les instruments juridiques et législatifs, ainsi que le comité de pilotage et de suivi. Il explique que le plan cancer repose sur la prévention et le dépistage. Un dépistage qu'il est urgent de lancer, selon lui, comme préconisé par l'OMS. "Il y a un groupe de travail coordonné par de très grands spécialistes qui ont finalisé le plan d'action. Et il va y avoir prochainement un véritable programme national de dépistage jusqu'à l'échéancier de 2019. Ce programme sera adressé au ministère pour qu'il commence à être appliqué à partir du mois de janvier de 2017", annonce le professeur. Concernant la prévention, le Pr Zitouni explique qu'il n'y a que la prévention qui peut faire baisser les chiffres du cancer. Selon lui, dans tous les pays, le chiffre du cancer a augmenté, et les seuls pays qui ont connu une légère baisse d'incidence ou de prévalence sont ceux qui ont débuté, il y a vingt à trente ans, des politiques audacieuses de prévention. Dix femmes décèdent chaque jour du cancer du sein en Algérie Selon le Dr Samira Tarouadada de l'ESH de Blida, le cancer du sein tue dix femmes par jour en Algérie avec 11 000 nouveaux cas par an. Elle explique aussi qu'il touche de plus en plus de jeunes filles, une tendance due, selon elle, à la mauvaise alimentation. Pour le Pr Boudjela Abdelkader Al-Hakim de l'EHS de Blida, 80% des femmes atteintes de cancer du sein se présentent avec des nodules de 4,5 à 5 cm, alors que le nodule ne devrait pas dépasser 2,5 cm. De nombreuses études attestent que le risque d'essaimage métastatique est lié à la taille de la tumeur. Dans ce cadre, les malades dépistées à temps guérissent définitivement dans la majorité des cas. De plus, les traitements utilisés face à un cancer dépisté à sa phase infraclinique sont moins lourds, moins coûteux, mais aussi moins mutilants et avec moins de séquelles physiques. K. FAWZI