"Ce sont mes neveux mais je les considère comme mes fils. Ils m'envoyaient des photos, me donnaient de leurs nouvelles. Nos contacts ne revêtaient aucun caractère séditieux", expliquera-t-il à la cour lors du procès. La cour criminelle d'Oran a condamné, hier, quatre Algériens se trouvant en Syrie sous la bannière de Daech à 20 ans de réclusion criminelle à l'issue d'un procès dans lequel leur oncle, présent au box des accusés, a écopé de trois ans de prison ferme. Les cinq inculpés étaient poursuivis pour avoir rejoint un groupe terroriste activant à l'étranger, selon l'article 87 bis 6 du code pénal et apologie du terrorisme par la diffusion de documents subversifs, suivant l'article 87 bis 5 du même code. L'affaire a démarré l'année dernière dans la wilaya de Tlemcen, lorsqu'un certain A. Rezki a alerté les services de sécurité sur l'imminence d'une vente d'une kalachnikov par A. Réda. Les éléments de la police déclenchent une enquête qui les mène à perquisitionner le domicile du suspect où ils trouvent un ordinateur truffé de "photos, vidéos et documents subversifs". Dans le téléphone de Réda, ils découvrent le même type de littérature, ce qui les pousse à conclure que l'homme a des liens avec le terrorisme international, les documents en question provenant de Syrie. Interrogé, A. Réda, 41 ans, vendeur de pièces détachées pour motocycles, déclare que les photos des hommes habillés à l'afghane, posant avec des armes, sont ses neveux qui ont rejoint la Syrie pour combattre dans les rangs de l'Etat islamique. Ce qui ne veut pas dire qu'il fasse lui-même partie de la nébuleuse terroriste. "Ce sont mes neveux mais je les considère comme mes fils. Ils m'envoyaient des photos, me donnaient de leurs nouvelles. Nos contacts ne revêtaient aucun caractère séditieux", expliquera-t-il à la cour lors du procès. Quant aux vidéos et documents subversifs trouvés dans son ordinateur, il dira être abonné à des sites d'informations et que ceux-ci traitent du terrorisme et de Daech tous les jours. "Comme tout Algérien, je suis curieux de ce qui se passe dans le monde et, plus que tout autre phénomène, c'est le terrorisme qui fait aujourd'hui l'actualité", ajoutera-t-il en rejetant les accusations portées à son encontre. Déclarations que le ministère public balayera d'un revers de la main en affirmant que la quantité de documents subversifs trouvés en sa possession (200 dossiers) et l'assiduité avec laquelle il se rend sur les sites douteux indiquent que son intérêt pour le terrorisme dépasse le stade de la pure curiosité. Pour lui, l'implication de A. Réda est avérée et, pour cela, dit-il, il mérite la peine maximale, soit la réclusion à perpétuité. Ce que la défense dénonce avec vigueur en affirmant que son mandant ne peut être coupable d'apologie, puisque l'accusation n'a pas apporté la preuve de la diffusion des documents subversifs ; comme il ne peut être condamné pour faire partie d'une organisation terroriste activant à l'étranger puisque rien n'indique qu'il a rejoint l'Etat islamique. "L'accusation n'a apporté aucun élément de preuve incriminant notre client", plaide-t-elle. Au retour des délibérations, la cour condamne A. Réda à trois ans de prison et prononce la peine de 20 ans de réclusion contre ses neveux, combattants de l'Etat islamique en Syrie. S. Ould Ali