Au moment où l'armée libyenne et plusieurs forces paramilitaires tentent de mettre fin à la présence de l'autoproclamé Etat islamique (Daech) à Syrte, la branche locale d'Al-Qaïda tente une percée à Tripoli. Des dizaines de personnes ont été tuées dans de nouvelles violences meurtrières qui opposent depuis jeudi des milices, liées à différentes factions en conflit, aux membres de la branche libyenne d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, selon plusieurs sources, ont rapporté les médias locaux. Selon ces sources, les membres d'Ansar al-Charia ont encerclé la capitale avant de se lancer dans une meurtrière tentative de prise de contrôle de Tripoli, où les milices proches du gouvernement parallèle de la coalition islamiste de Misrata Fajr Libya les auraient repoussés. Mais officiellement, les responsables politiques du pays évoquent plutôt des combats entre groupes de miliciens interposés, dont certains accusent le Gouvernement d'union nationale (GNA, soutenu par l'ONU) d'en être à l'origine. L'envoyé spécial de l'ONU en Libye, Martin Kobler, a également été attaqué par le gouvernement parallèle de Tripoli qui accuse aussi les représentants diplomatiques des pays étrangers de "cacher la vérité sur la situation chaotique dans la capitale" libyenne. Hier, dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, la "Brigade des combattants de Tripoli", a affirmé avoir repris aux assaillants une partie des quartiers périphériques de la capitale, précisant que ces derniers ont fui vers la forêt Al-Nasr, transformée en champ de mines à plusieurs endroits. Ansar al-Charia aurait été soutenu dans sa tentative d'occupation de Tripoli par une autre milice islamiste venue de Benghazi, la capitale de l'Est libyen, où une partie de l'armée libyenne sous-commandement du controversé général Khalifa Haftar a réussi, depuis mai 2015, à chasser les combattants de Daech, tout comme les autres milices radicales. Hier encore, des combats ont eu lieu dans plusieurs quartiers de la capitale, causant de nombreux morts et blessés, ainsi que des dégâts matériels importants, a indiqué la presse locale, citant des sources médicales et sécuritaires. Le président du Parlement exilé à Tobrouk, Aguila Salah, a appelé hier matin toutes les milices à cesser les combats à Tripoli. M. Salah, qui s'oppose au GNA du président du Conseil présidentiel, Fayez al-Serraj, a également appelé les chefs de tribus à désarmer les miliciens, dans un communiqué qu'il a rendu public. Dans un contexte marqué par une impasse politique, la violence a repris le dessus sur le dialogue, rendant difficile la lutte contre le terrorisme, même si à Syrte Daech est sur le point d'être anéanti, selon le Pentagone qui mène des raids aériens dans la ville natale de Kadhafi, en appui à l'armée libyenne. Pour rappel, de nouvelles tractations ont été engagées entre les parties en conflit en Libye, grâce à une médiation algérienne qui a redoublé d'efforts depuis quelques semaines, dans l'espoir de rapprocher les points entre les Libyens. Lyès Menacer