L'étude, publiée récemment, révèle que les adolescents représentent 3,6% de la population algérienne, pour ceux âgés de 10 à 14 ans, et 4, pour ceux de 15-19 ans. Les violences sexuelles contre les enfants sont une grave atteinte aux droits de ces derniers, selon les Nations unies. Pourtant, l'ONU reconnaît que dans la réalité, les violences sexuelles touchent tous les pays et groupes sociaux, prenant la forme d'abus sexuels, de harcèlement, de viol ou d'exploitation sexuelle dans la prostitution ou la pornographie. Ces dernières années, l'organisation mondiale invite tous les Etats à mettre fin à ces violences, en procédant à la sanction des "auteurs" et à la transformation de "la mentalité des sociétés et (des) conditions économiques et sociales sous-jacentes". En 2015, une étude sur "les violences sexuelles à l'encontre des adolescentes en Algérie" a été réalisée par Nadia Aït-Zaï, avocate et enseignante à l'université de droit d'Alger, également directrice du Centre d'information et de documentation sur les droits de l'enfant et de la femme (Ciddef), et présidente de la fondation pour l'égalité, pour le compte du ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, avec l'appui du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA). L'étude, publiée récemment, révèle que les adolescents représentent 3,6% de la population algérienne, pour ceux âgés de 10 à14 ans (1re adolescence) et 4%, pour ceux de 15-19 ans (2e adolescence). 25% des plaintes portent sur les viols d'adolescents L'Algérie a adhéré à la majorité des traités internationaux. Outre la déclaration universelle des droits de l'Homme et les autres traités majeurs sur les droits humains, les droits des adolescents figurent dans la convention relative aux droits de l'enfant. Quant aux adolescentes, elles bénéficient, en plus de la protection contenue dans les traités et protocoles spécifiques aux femmes, tels que la convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (Cedaw), la plateforme d'action de Beijing (Pékin) et les textes régionaux, comme le protocole à la charte africaine des droits de l'Homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique. Sur le plan national, la législation présente le cadre pour défendre ces droits et pour réprimer les violences. L'étude du ministère de la Solidarité nationale rappelle que 25% des plaintes déposées, en 2014, à la Police et à la Gendarmerie, portent sur les viols d'adolescents. La violence sexuelle touche davantage les filles : sur 10 plaintes, 7 concernent les filles et 3 concernent les garçons. Sur les 48 wilayas, 4 enregistrent le plus de plaintes : Tindouf, Tamanrasset, Saïda et Relizane. Il est en outre précisé que le nombre de plaintes augmente avec "l'accroissement de l'âge de l'adolescente" et que parmi les formes de violences sexuelles, les "attouchements sexuels représentent la catégorie la plus reportée". Approche multisectorielle et pluridisciplinaire L'étude rejoint le point de vue de l'ONU, dans le sens où la violence sexuelle demeure encore un tabou, voire une "violence cachée", puisque seule "une victime sur 5 dépose plainte". La "honte", la "peur", mais également "la menace" de l'agresseur, la "faiblesse présumée des sanctions" contre celui-ci et "l'idée qu'il est trop tard pour en parler", justifient le recours au silence. Le travail de Mme Aït-Zaï révèle aussi que la violence, souvent commise par les voisins, les cousins et les enseignants, s'exprime la plupart du temps dans "les habitations, mechtas ou douars, et les lieux publics". Pour "une meilleure prévention et une prise en charge" des adolescentes victimes de violences sexuelles, l'étude soumet un certain nombre de recommandations politiques, programmatiques et de sensibilisation. On retiendra notamment la demande d'inclure les infractions (regroupées jusque-là dans le seul chapitre de "crimes et délits contre la famille et bonnes mœurs") sous le chapitre d'"atteinte à la personne humaine", celle de considérer la pénétration anale sur mineur comme "viol" et celle de supprimer la disposition du code pénal, permettant à l'auteur d'un viol sur mineure d'échapper à la poursuite judiciaire s'il épouse la victime. De plus, une attention particulière est donnée à la formation des professionnels de la santé "à la réalité des violences sexuelles et à leurs conséquences" sur la santé physique et psychologique, à l'amélioration du "système de recueil d'informations centralisé" et de celui des "services d'accueil", ainsi qu'à la "communication", au "suivi" et à "l'évaluation" des programmes destinés aux adolescents. Enfin, signalons que les résultats de l'étude sont à l'origine du lancement, en juin dernier, du "plan national pour la lutte contre les violences sexuelles à l'égard des adolescentes", par le ministère de la Solidarité. Un plan basé sur une approche "multisectorielle et pluridisciplinaire", censé renforcer la stratégie nationale de lutte contre la violence faite aux femmes. Hafida Ameyar