Le procès, ce jeudi, de la plus importante filiale de Daech composée de 44 accusés dont 9 femmes dont deux filles en fuite, a été reporté au mois de mars. C'est ce qu'a décidé le juge près le tribunal criminel Boumerdès à la demande introduite par la défense dans une salle archicomble où des dizaines de policiers et de gendarmes ont été mobilisés pour assurer le bon déroulement de ce qui est considéré comme l'une des affaires terroristes les plus importantes jugée par un tribunal algérien. Avant même que le juge ne décide du report, des cris de femmes ont envahi la salle. Il s'agit de deux prévenues qui ont commencé à hurler et à pleurer, obligeant les policiers à intervenir pour les faire sortir de la salle. Parmi les accusés figurent six terroristes, qui sont actuellement en Syrie et en Irak, dont l'émir Abou El-Merane El-Djazaïri, de son vrai nom M. Mohamed, et son épouse, ainsi que de deux autres jeunes filles qui auraient regagné Raqqa en Syrie. Deux couples se trouvent également au box des accusés. Sur les 44 prévenus, 8 accusés, dont deux femmes, sont jugés pour "adhésion à un groupe terroriste, apologie et tentative d'adhésion à un groupe terroriste exerçant à l'étranger". Pour six autres accusés, il leur est reproché d'avoir financé et apporté de l'aide à une cellule terroriste activant à l'étranger. Pour rappel, le démantèlement de ce réseau a commencé en août 2014 avec l'arrestation de la première vague composée de 12 personnes âgées entre 20 et 35 ans, toutes originaires de la commune de Boudouaou. Parmi elles, deux frères, extradés de Turquie alors qu'ils s'apprêtaient à rejoindre la Syrie, se trouvaient, avant-hier, dans le box des accusés. Parmi ce groupe figurent trois universitaires connus pour leurs penchants salafistes. Tous ont quitté leur domicile entre le 1er et le 30 août 2014. Certains d'entre eux n'ont pas jugé utile d'informer leurs parents alors que d'autres ont signifié à leurs parents qu'ils iront en Turquie juste pour le tourisme. L'alerte a été donnée aux services de sécurité par le père de l'un des terroristes qui aurait découvert la destination de son fils avec son ami dans son ordinateur. Le contact avec des groupes terroristes basés en Syrie a été établi via Internet. C'est une filière bien rodée basée en Syrie qui aurait endoctriné ces jeunes salafistes dont la tenue vestimentaire a toujours intrigué les fidèles de la mosquée de Boudouaou qu'ils fréquentaient. Mais l'affaire ne s'arrêtera pas là. Abou El-Merane El-Djazaïri, qui est déjà en Syrie, continuait à endoctriner d'autres jeunes à travers les réseaux sociaux. Et c'est ainsi qu'une deuxième vague, composée de 24 personnes dont quatre femmes, fut démantelée, quelques mois après, soit en janvier 2016. Mais cette fois, le réseau s'est étendu à plusieurs wilayas, notamment Alger, Constantine, Oran, Djelfa, Mascara, Blida et Boumerdès, grâce toujours à Abou El-Merane El-Djazaïri. Mais une dizaine de terroristes, dont deux femmes, ont pu regagner la Syrie, alors que d'autres candidats ont été arrêtés. Les services de sécurité avaient saisi lors de leurs perquisitions plusieurs ordinateurs, des téléphones portables, d'importantes sommes d'argent, ainsi que des documents d'état civil destinés à la confection de passeports. M. T.