La nomination surprise d'Abdelmoumen Ould Kaddour à la tête de la première entreprise du pays n'est pas passée inaperçue sur les réseaux sociaux. Loin s'en faut ! La désignation de cet ancien responsable de la société mixte algéro-américaine Brown & Root Condor (BRC), citée dans un gros scandale de corruption et d'espionnage, a donné lieu sur la Toile à des commentaires tantôt empreints d'humour, tantôt féroces à l'encontre, notamment, de "la république des coquins et leur logique de cosa nostra". Beaucoup y voient surtout "l'acte 1 du retour de Chakib Khelil", l'ancien ministre de l'Energie, présenté comme le véritable "parrain" d'Ould Kaddour. Ce dernier est même considéré comme plus chanceux pour avoir bénéficié, lui, d'"une réhabilitation express sans passer par la case ‘zaouia' !". On évoque également, par ailleurs, un nom qui revient sans cesse, à savoir Dick Cheney, ex-vice-président des Etats-Unis d'Amérique, ancien président d'Halliburton, société-mère de BRC, homme-lige du lobby pétrolier texan, qui a longtemps eu, par ici, "les faveurs des officiels algériens", rappelle un internaute. On se plaît à rappeler le parcours prestigieux de Mohamed Saïd Mazouzi, le défunt père du P-DG débarqué de Sonatrach, un moudjahid qu'on assimile à "Mandela" pour avoir passé 17 ans dans les geôles coloniales. Un internaute se souvient précisément que "Dick Cheney s'était opposé en 1990 à la libération du grand héros africain, Nelson Mandela, qu'il qualifiait alors de terroriste". Il ne fait donc aucun doute que cette nomination controversée, à l'image du retour tonitruant de Chakib Khelil en Algérie après avoir été accusé de tous les maux, vient illustrer, pour un grand nombre d'internautes, un énième épisode d'une interminable "guerre des clans". "Si c'est le DRS de Toufik qui l'a emprisonné, alors Ould Kaddour, diplômé de MIT, était probablement innocent et mérite donc d'être réhabilité", affirme quelqu'un, derrière la solitude de son écran. Cela dit, que ce soit sur Facebook ou Twitter, les réactions défavorables n'ont pas manqué de se manifester quant au "repêchage d'un repris de justice". Jouant sur l'homonymie du prénom du nouveau patron de Sonatrach et établissant un lien avec ses déboires judiciaires, beaucoup s'attendent à d'autres nominations dont celle d'un autre... Abdelmoumen, un golden boy déchu. "À quand la nomination d'Abdelmoumen Khalifa à la tête de la Banque d'Algérie ou de la compagnie nationale Air Algérie ?", s'interroge-t-on, non sans ironie. Une telle éventualité n'est, du reste, pas écartée tant "ce pays est incroyable : on arrive à nommer des personnes qui ont déjà prouvé leur incapacité à rester honnêtes". Au-delà d'un humour, certes, cruel, des questions plus sérieuses, pour ne pas dire des questions pertinentes, resteront néanmoins posées. Mohamed-Chérif Lachichi