L'interpellation, lundi, de Nasser Zefzafi, leader du mouvement de protestation qui secoue la région du Rif, n'a pas découragé les contestataires dans le Rif et dans d'autres villes du Maroc, où des sit-in et des manifestations de soutien ont été organisés dans la soirée. À Al-Hoceïma, ils se sont rassemblés en scandant "Nous sommes tous des Nasser Zefzafi", brandissant le portrait de leur champion. Le rassemblement a duré près d'une heure dans le quartier de Sidi Abed, non loin du centre-ville bouclé par les cordons de forces anti-émeute. Il s'est achevé sans incident peu avant minuit, alors que les manifestants n'ont cessé de clamer le caractère "pacifique" de leur mouvement. Il n'en demeure pas moins que Rabat semble opter pour le tout répressif en procédant à l'arrestation de dizaines de manifestants. Le leader du Hirak a été transféré au siège la brigade centrale de la police judiciaire à Casablanca où il a rejoint la vingtaine de militants déjà en garde à vue et interpellés samedi et dimanche à Al-Hoceïma. Il n'est pas exclu que les autorités marocaines veuillent en faire un exemple pour décourager la contestation à travers des peines sévères. Outre la peine de trois ans de prison qu'il encourt, selon le code pénal marocain, sous prétexte d'avoir perturbé une manifestation religieuse (la prière du vendredi), Nasser Zefzafi risquerait également une peine de 20 années, rapporte la presse locale. En effet, également accusé, sans la moindre preuve, d'avoir reçu le soutien d'organismes étrangers, le leader du mouvement de protestation du Rif pourrait être inculpé d'"atteinte à la sécurité intérieure". Dans cette situation de tension, le centre-ville d'Al-Hoceïma est bouclé par la police pour empêcher toute manifestation en plus d'opérations de fouille des maisons pour procéder à d'autres arrestations. Cette option du tout répressif pourrait avoir pour conséquence d'envenimer la situation. Merzak Tigrine