Résumé : Slimane exhorte sa femme à être courageuse et raisonnable. Elle devrait accepter la fatalité et penser à refaire sa vie. Elle rétorque qu'il y a des miracles, qu'il pourrait s'en sortir. Il sourit tristement. -Je ne veux pas me bercer d'illusions, Yamina. Je n'en ai plus pour longtemps, c'est une certitude, tu le sais bien. Elle laisse encore couler ses larmes. -Je garde l'espoir. -C'est bien, ma chérie, mais si l'espoir fait vivre, la maladie, elle, ne recule jamais. Quelques semaines passent. Malgré les soins prodigués et toute l'affection que son épouse lui portait, Slimane finira par trépasser après un long combat contre sa maladie. Effondrée, Yamina crut qu'elle n'allait pas tarder à le suivre. Mais comme le temps finissait toujours par avoir le dessus sur la douleur, elle finira par se rendre à l'évidence et par accepter de vivre seule dans la grande maison léguée par son mari. Slimane n'était pas dans le besoin, ils avaient vécu très à l'aise, et même après son décès elle savait qu'elle n'aurait pas à tendre la main. D'ailleurs, vers qui pourrait-elle se tourner si elle était dans l'obligation de demander de l'aide ? Depuis son mariage avec Slimane, sa famille lui avait tourné le dos, ses frères en particulier, qui l'avaient déshéritée, et exploité les biens de la famille sans vergogne. Ses parents, âgés et malades, n'y pouvaient rien. Des années durant, elle avait trimé comme une forcenée pour se stabiliser. Mais elle n'était arrivée qu'à s'attirer l'animosité des siens qui ne voyaient en elle que le salaire qu'elle leur versait chaque mois. Déçue par tant d'ingratitude, elle s'était tournée vers Slimane. L'homme n'était plus de prime jeunesse lorsqu'ils s'étaient rencontrés, mais il était si attentionné et si gentil avec elle qu'elle avait fini par s'habituer à sa présence. Il était dans l'import-export, et s'était associé à un ancien ami pour lancer une autre activité commerciale. Elle travaillait comme secrétaire dans une entreprise étatique. Le salaire n'était pas motivant, mais c'était une manière pour elle de s'affirmer devant sa famille. Elle pouvait sortir et voir la lumière du jour, rencontrer des amis, et parfois se permettre une petite balade en ville. Elle ne pouvait espérer faire du shopping comme elle l'entendait. Mais de temps à autre, une petite indemnité supplémentaire dans sa mensualité lui permettait de faire quelques folies. Slimane était entré dans sa vie à un moment où elle frôlait une dépression. Il venait souvent s'entretenir avec son directeur et faisait un brin de causette avec elle. Un jour, il lui avait offert un parfum. Elle avait tenté de refuser, mais il avait insisté en précisant qu'une aussi jolie jeune femme comme elle devait prétendre aux belles choses de ce monde. Puis les choses sont allées très vite entre eux. Slimane l'avait invitée à déjeuner pour lui proposer de devenir sa femme devant Dieu et Ses êtres. Yamina avait alors demandé un temps de réflexion. Il était vrai qu'il y avait une différence d'âge entre eux, mais étant donné qu'elle ne vivait plus que comme une étrangère dans sa famille et essuyait chaque jour les remarques acerbes de ses frères et de ses belles-sœurs, elle décida de passer à l'action. (À suivre) Y. H.