Le Qatar a appelé à un dialogue sous conditions avec l'Arabie saoudite et ses alliés, qui l'isolent pour le deuxième mois consécutif, sans toutefois accéder à leurs demandes exagérées pour une sortie de crise. L'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, a fait son offre de dialogue, vendredi soir, dans un discours télévisé, le premier depuis que l'Arabie saoudite et ses alliés ont rompu le 5 juin avec son pays, qu'ils accusent de "financer le terrorisme" et de se rapprocher de l'Iran chiite, rival régional du royaume saoudien sunnite. "Nous sommes ouverts au dialogue pour régler les problèmes en suspens", a-t-il dit en substance, ajoutant qu'un règlement de la crise devrait se faire dans le respect de la souveraineté de son pays et sans diktats. Les quatre adversaires du Qatar avaient imposé de sevères sanctions économiques à l'émirat gazier. Pour revenir sur ces sanctions, ils ont exigé le 22 juin la satisfaction de 13 demandes, dont la fermeture de la télévision Al-Jazeera et d'une base turque, ainsi qu'une révision des liens avec l'Iran. Doha a rejeté en bloc ces demandes, estimant qu'elles violaient sa souveraineté. L'ONU a estimé, elle aussi, les demandes des pays du Golfe et leur allié égyptien comme une atteinte à la souveraineté du Qatar. D'ailleurs, cheikh Tamim a défendu sa politique. "Le Qatar lutte sans relâche contre le terrorisme que Doha considère comme un crime contre l'humanité", a-t-il dit. Il a accusé le Quartet d'avoir voulu imposer (sa) tutelle au Qatar, de porter atteinte à la liberté d'expression et au droit à l'information, en allusion à la demande de fermer Al Jazeera. Son intervention est survenue au lendemain de l'annonce à Doha d'un amendement de la loi sur la lutte antiterroriste du Qatar. Cet amendement, qui a fait l'objet d'un décret-loi promulgué, jeudi soir, par l'émir, a été salué, vendredi, comme un pas positif par le ministre d'Etat émirati aux Affaires étrangères Anwar Gargash, l'un des responsables du Quartet les plus critiques de la politique du Qatar. Le décret-loi définit les termes de terroristes, de crimes et entités terroristes ainsi que du financement du terrorisme. Le document établit deux listes nationales pour les individus et les entités terroristes et énonce les mesures nécessaires pour pouvoir les inscrire sur ces listes, mais il donne aux suspects le droit de faire appel contre leur inscription sur l'une de ces listes. Ce décret-loi amende la législation qatarie sur la lutte antiterroriste datant de 2004, mais ne donne pas de détails sur la définition du terrorisme ni sur les mesures pour porter un suspect ou une organisation sur une liste noire. R. I./Agences