Résumé : Offusqué par les propos de sa femme, Slimane se retire dans sa chambre. Yamina demeure seule et médite sur son sort. Elle savait qu'elle avait heurté son mari avec cette réalité qu'elle venait de lui avouer. Elle vint même à se demander si elle ne l'avait pas épousé juste pour fuir sa famille et s'assurer un refuge sous son toit. La vie est parfois tellement compliquée qu'on a du mal à suivre son rythme, et pourtant, avant de donner son accord, elle avait pris le temps d'apprécier cet homme ! Yamina pousse un long soupir. Elle pensait que les mauvais jours étaient derrière elle. Mais ce soir, elle s'était rendu compte qu'elle n'aimait pas Slimane. C'est tout juste si elle acceptait de partager sa vie. Elle avait cru trouver un semblant de bonheur et, sans pouvoir se l'expliquer, elle était maintenant certaine qu'elle s'était davantage embourbée dans une situation plus complexe. Elle repense encore à ses vieux parents, qui devaient se languir d'elle. Que faisaient-ils en ce moment ? Dormaient-ils ou discutaient-ils entre eux de sa visite dans l'après-midi ? Demain, à la première heure, elle les appellera et leur proposera de venir passer quelques jours chez elle. Slimane ne trouvera sûrement pas d'inconvénient à les recevoir pour quelque temps. Prise dans sa méditation, elle ne se rend compte que le film venait de prendre fin que lorsque la musique du générique parvint à ses oreilles. Elle relève la tête et constate qu'il était bien tard. Son mari devait dormir à poings fermés. Elle se lève et se dirige sur la pointe des pieds vers sa chambre. La lumière était éteinte. Craignant de réveiller son époux, elle s'abstient d'allumer et enfile hâtivement sa chemise de nuit avant de se glisser dans son lit. Elle demeure éveillée un long moment avant de sombrer enfin dans un profond sommeil. À son réveil, elle constate que Slimane était déjà parti. Un petit mot à son intention était collé sur la porte du frigidaire dans la cuisine. Elle s'étire et réchauffe du café, puis s'installe face à la grande baie qui donnait sur le jardin. Le soleil amorçait son ascension, et une petite brise taquinait les fleurs et les hautes herbes qui agrémentaient les balustrades des balcons. Yamina ouvre la porte-fenêtre et aspire une bonne goulée d'air. Il faisait bon vivre dans la maison de son mari, et elle compte profiter de chaque moment qui passait. Voyons, que pourrait-elle faire ce matin ? Elle avait pris une mise en disponibilité de plusieurs mois, à la demande de son mari, qui ne voulait pas la voir faire de longs trajets quotidiens et trimer comme une forcenée huit heures durant au bureau pour un salaire de misère. Il était prêt à lancer une petite affaire pour elle, si elle voulait occuper plus utilement son temps. Dans le cas contraire, elle n'aura qu'à apprécier la vie à sa juste valeur. Elle pourra se reposer, faire la grasse matinée à sa guise, sortir, faire du shopping, rendre visite à ses amies, etc., sans avoir de compte à rendre à personne. La jeune femme avait apprécié les attentions de son mari à son égard et, contre toute attente, avait décidé de se payer du bon temps avant de penser à se lancer dans les affaires. (À suivre) Y. H.