La coordination des comités de village de Bouzeguène est montée au créneau, hier matin, en procédant à la fermeture de la daïra de Bouzeguène pendant deux heures. Une délégation a été ensuite désignée pour remettre au chef de daïra une déclaration signée par les comités de village de la commune. En fait, les villageois sont venus avec une seule exigence : celle du raccordement de la commune de Bouzeguène au barrage hydraulique de Taksebt, seule et unique solution pour résoudre le problème épineux des pénuries d'eau potable qui pénalisent les villageois. Les délégués sont sortis aussitôt sans engager de dialogue avec le chef de daïra considérant que toutes les entrevues antérieures n'ont pas abouti. Dans la déclaration, les villages exigent une réponse claire et nette du wali de Tizi Ouzou avant le 13 août prochain, soit un ultimatum de 5 jours. Au-delà du 13 août, si une réponse positive n'est pas parvenue aux villageois, des actions plus radicales seront envisagées et applicables dans l'immédiat. Il s'agit, dans un premier temps, d'une marche et d'un sit-in devant le siège de la wilaya. Les villageois passeront ensuite à deux autres actions décidées à l'unanimité, celle de surseoir au paiement des factures d'eau, d'électricité et de gaz et des redevances fiscales, puis de boycotter les prochaines élections locales dans la région. Il faut dire que les habitants de Bouzeguène n'ont pas cessé de réclamer une meilleure distribution de ce précieux liquide qui, depuis quelques années, se raréfie de manière drastique. Cette année, le problème d'alimentation en eau potable s'est nettement aggravé car les robinets sont secs et l'eau ne coule qu'une fois par mois à tel point que les citoyens sont pris de panique et ne savent plus à quel saint se vouer. Les fontaines sont toutes prises d'assaut et des files de bidons et de jerricans s'allongent de jour en jour et la situation génère régulièrement des altercations car les gens ont souvent les nerfs à fleur de peau. Un projet de forage de puits d'une autorisation-programme de 40 milliards a été pourtant accordée par le ministère des Ressources en eau pour assurer le renforcement du réseau d'alimentation en eau potable des villages de Bouzeguène. Mis en service en novembre dernier, les puits d'une profondeur de quelques mètres seulement se sont vite taris et les 40 milliards sont partis en fumée, alors que le projet n'est même pas achevé. Il faudrait peut-être ouvrir une enquête pour déterminer l'intitulé réel du projet. Les villageois se sont rabattus sur les citernes d'eau de 2 500 à 3 000 DA l'unité et l'eau minérale est introuvable dans les supérettes. Cela dit, la crise de l'eau à Bouzeguène ne date pas d'hier. Elle se répète chaque année à cause d'une immense pagaille gangrenée par des années de rancœur empestée par la couleur de l'argent et pourrie par des querelles de clocher. La seule victime reste ce simple citoyen qui veut étancher sa soif et se laver aisément, mais qui ne dispose d'aucun moyen pour bénéficier de ce précieux liquide qu'est l'eau.