Térence est nord-africain, enlevé par des pirates qui le ramenèrent en esclave à Rome. Acheté et affranchi par son maître, il sera éduqué selon les préceptes du libéralisme et fréquentera les réunions d'aristocrates. Dans une brillante étude de Hassan Benhakia de l'université d'Oujda, intitulée “Térence et l'héritage amazigh”, publiée dans le journal mensuel marocain Tawiza, édition du mois d'août 2004, l'auteur nous fait découvrir l'origine amazighe de celui qui est présenté comme étant citoyen romain. Térence, ou Publius Terentius Afer, est auteur de cinq pièces de théâtre, dont l'Adrienne (ou La jeune fille d'Andros) en 166 av. JC, l'Eunuque en 165 av. JC, Heauton timoroumenos (ou Le Bourreau de soi-même) en 162 av. JC, Phormion en 161 av. JC, L'Hycère (ou La belle-mère) en 160 av. JC et Les Adelphes (ou Les frères) en 160 av. JC. Mais, qui est au fait Térence ? De ses origines, les historiens disent que Térence est Nord-Africain. Il fut enlevé par des pirates sur les côtes de Carthage qui le ramenèrent à Rome pour être vendu comme esclave. Acheté et affranchi par son maître Terentius Lucanus, ce dernier libéra l'esclave en l'éduquant selon les préceptes du libéralisme et le présenta dans des réunions d'aristocrates. Pourquoi une telle faveur ? On dit que le jeune affranchi n'est pas pour autant égal d'un citoyen de naissance libre. Il prend les nom et prénom de son précepteur. Son éducation d'écrivain était due grâce, d'une part, à son affranchissement en tant qu'esclave, et, de l'autre, à l'importante influence du dramaturge Ménandre. Térence visite alors la Grèce, la terre nourricière des poètes, pour y recueillir les manuscrits de ce maître. Malheureusement, le bateau qui ramenait sa bibliothèque fait naufrage et le jeune écrivain y perdit tous les livres et l'espoir d'entamer son grand projet de dramaturge. À cause de ce grand choc, il tomba malade. Il mourut fort jeune à 33 ans, à Leucade ou à Stymphale (villes d'Arcadie) en l'an 159 av. JC. L'auteur s'est retrouvé donc au carrefour de trois cultures : amazighe, grecque et latine. À l'époque, à Rome, il y avait une très nette différence entre le langue littéraire et la langue du peuple. Térence ne connaîtra parfaitement que la première. Elevé avec les fils de sénateurs et dans le sein du groupe Cercle des Scipions, et en tant qu'étranger africain, il n'a jamais appris que le latin haut et pur, dénué de vulgarismes, d'archaïsmes et d'obscénités, cette langue de la bonne société. L'universitaire marocain note que “le jeune Africain de complexion maladive et de teint basané est à imaginer comme un picaro intelligent et aliéné. Esclave, il vit au milieu d'aristocrates ; analphabète, il présente le meilleur théâtre romain ; Africain, il fréquente librement l'univers gréco-romain ; pauvre, il se permet d'acheter une bibliothèque rare de la Grèce ; aventurier, il s'embarque dans une mer houleuse, et sensible il meurt de chagrin pour la perte de ses livres grecs”, en ajoutant que Térence est un “moraliste particulier”, car, souligne-t-il, “curieusement, il devient le seul à satisfaire l'aristocratie romane dans son rêve de dépasser esthétiquement le raffinement de la culture grecque”. Alors à quand la réhabilitation de Térence ? Celui que le roi César se plaisait à appeler “demi-Ménandre”, faisant allusion au poète comique grec et le dramaturge le plus influent du théâtre grec, Ménandre (Athènes 342/292 av. JC) M. S. B.